La côte de la capitale des Hammadites a abrité une simulation de grande envergure pour la prévention et la lutte contre la pollution marine. Avec la hausse des exportations des hydrocarbures, du phosphate et de l'ammoniac, les risques de pollution marine sont de plus en plus grands. L'Algérie qui occupe une position centrale dans le Bassin méditerranéen avec ses 1200 km de côtes est directement concernée par cette menace. En effet ces côtes voient passer quotidiennement 300 navires et sont, de ce fait, exposées, à un risque permanent de déversement massif de substances nocives et extrêmement polluantes de l'environnement. Pour préserver celui-ci, l'Algérie met à niveau ses équipes et son matériel d'intervention. Comme première mesure de protection, l'Algérie a ratifié la convention internationale de Marpol (marine pollution) et elle fait de la question de la protection de son environnement marin, l'une de ses priorités. Aussi, une série de conventions internationales ratifiées par l'Algérie fixent les nouvelles règles, car désormais, «il ne suffit plus de protéger le navire contre la mer, mais de protéger la mer contre le navire». Ce travail de protection ne s'est pas limité uniquement à la signature de conventions. C'est dans le cadre de la mise à niveau des techniques de surveillance et d'intervention maritimes, que le commandement des forces navales de la façade est a organisé un exercice de démonstration pratique antipollution, la semaine dernière au large, du port de Béjaïa. En effet, après les précédentes simulations d'ordre local ou régional organisées à Arzew, Skikda et Alger, la côte de la capitale des Hammadites a abrité une simulation de grande envergure pour la prévention et la lutte contre la pollution marine qui nécessite une intervention plus large qui pourrait solliciter l'aide internationale pilotée par le commandement des forces navales de la façade est, en collaboration avec l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), et en coordination avec le commandement des forces armées de la 5ème région militaire ainsi que de nombreuses autres structures. On cite notamment le secteur sanitaire, les collectivités locales, la direction des transports, la direction de l'environnement, la Protection civile et la société de gestion et d'exploitation des terminaux marins et hydrocarbures STH. La simulation a pour objectif de «mettre à niveau les équipes d'intervention, chacune dans son domaine dans le cadre de la formation continue». Il s'agissait aussi de «maîtriser la procédure de l'intervention, mettre en évidence le matériel de lutte antipollution, démontrer les capacités de réaction dans les situations d'urgence et intervenir en temps réel et surtout réduire au maximum le temps d'intervention», nous explique le colonel Idrissou Ahcen, qui a guidé et dirigé l'opération. En outre, l'exercice consistait à simuler une collision d'un pétrolier transportant quelque 130.000 tonnes de pétrole brut, au mouillage en rade à Béjaïa à 2 milles du port, lors de la manoeuvre d'approche, causant une déformation et une fissure du côté bâbord du pétrolier, suivie d'un déversement d'une quantité importante de pétrole dans la mer. Cet exercice de démonstration se déroule en quatre phases. La phase d'alerte, la phase de sauvetage, la phase de déclenchement de plan intitulé «Tel Bahr 10» au niveau local, régional et national et enfin, la phase d'enquête nautique et de constitution du dossier d'indemnisation par la station maritime principale des garde-côtes. En somme, c'est un exercice complet. L'alerte est aussitôt donnée et transmise par l'agent à la tour de contrôle. En privilégiant en priorité le sauvetage des vies humaines, le cross déclenche l'opération de recherche et de sauvetage, laquelle est suivie par le déclenchement du plan Tel-IBahr local pour lequel, échoit au wali le pouvoir de l'activer. Ainsi, un avion de reconnaissance est aussitôt dépêché sur les lieux pour localiser avec exactitude et superviser la progression du pétrole déversé qui a été suivi de l'opération d'hélitreuillage d'un naufragé par l'hélicoptère «Kamov» des forces armées, en parallèle à l'opération de sauvetage et de récupération d'autres naufragés par une vedette de sauvetage ultramoderne. Une fois que le confinement de la nappe est cerné, la tâche incombe aux garde-côtes de se déplacer sur les lieux de l'incident pour constater l'ampleur de la nappe et de déclencher ainsi le plan d'urgence de lutte antipollution. Ce dernier consiste à installer un barrage flottant afin d'essayer de réduire l'épaisseur de cette nappe et éviter qu'elle ne se propage. C'est en fonction des dégâts occasionnés et l'ampleur de la catastrophe en milieu marin due au déversement de la quantité de pétrole ou autres substances que sera décidé le déclenchement du plan régional et national. Cette tâche relèvera du commandement des forces navales régionales et le Premier ministre respectivement. Quant à la barge de récupération, un équipement de la STH, elle intervient pour le traitement et la récupération du liquide grâce à des feuilles absorbantes, en mesure d'aspirer jusqu'à un litre d'hydrocarbures. Cependant, et selon les explications du lieutenant-colonel Slimane Deffaïri «l'objectif de cette opération est surtout de connaître nos besoins réels d'équipements pour faire face à des tonnes de pétrole brut lors des catastrophes plus importantes», avant de mettre l'accent sur le nouveau matériel commandé dont dix hélicoptères ultrasophistiqués. Par ailleurs, il convient de signaler que l'opération s'est achevée par une démonstration des éléments de la Protection civile au niveau de la plage El Maghra, lesquels interviennent en cas de propagation de la pollution sur le rivage. Les services de la Protection civile ont procédé, dès la réception de l'alerte, à la mise en place, d'une manière remarquable, d'un dispositif important au niveau des trois sites: le port, l'aéroport et la plage d'El Maghra. Le transport maritime s'exerce dans des conditions où le danger est omniprésent, ce qui explique certains assouplissements du régime de responsabilité. Par ailleurs, même les nouvelles dispositions du Code maritime en matière de prévention de la pollution marine en général, et en milieu portuaire, en particulier, sont très strictes. Elles interdisent, notamment le déversement, l'immersion et l'incinération en mer de matières susceptibles de porter atteinte à la santé publique et aux ressources biologiques, d'entraver les activités maritimes et d'altérer la qualité de l'eau de mer. Cependant, plusieurs infractions liées à la pollution maritime, dans les eaux territoriales, ont été relevées durant ces dernières années par les services des garde-côtes de la façade marine algérienne. Il s'agit de déballastage des navires notamment. Pour arrêter de pareilles catastrophes, les services des garde-côtes rappellent qu'il existe actuellement au niveau de chaque port pétrolier des stations de déballastage permettant aux tankers d'effectuer des opérations de traitement de leurs cuves.