L'homme est décidé à se battre. Celui qui a été à la tête de la wilaya d'Oran durant trois années (1994-97) est, aujourd'hui, l'objet de graves accusations contenues dans ce qu'il appelle une «campagne médiatique contre moi». Bachir Frik, la cinquantaine, a le débit lourd, mesuré. Il réfléchit longuement avant de répondre. Aucune allusion revancharde dans le ton, mais plutôt la détermination de tirer au clair «l'affaire qui lui tombe sur le dos». Lorsqu'on évoque que des écrits de presse ont rapporté qu'il aurait détourné 400 milliards dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler «le scandale foncier d'Oran», l'ancien wali ne se retient pas et rit franchement. «Je défie, ceux qui lancent de telles énormités, d'apporter la moindre preuve de leurs divagations», lance M.Frik avant d'ajouter: «D'ailleurs, je n'attendrai pas plus longtemps. J'ai chargé mes avocats de déposer plainte.» Il précise: «Si j'ai gardé le silence jusque-là, cela est dû à mon éducation et puis j'ai d'abord pensé que mes détracteurs allaient avoir quelque cas de conscience. Puisqu'ils persistent, j'ai décidé de réagir.» Parmi les questions qui se posent, en effet, l'on se demande pourquoi les attaques ont été déclenchées plus de quatre années après la fin de sa mission à Oran et pourquoi sa gestion de la wilaya de Jijel, avant celle d'Oran, où il disposait d'un budget de 2000 milliards, et celle où il a été muté après la capitale de l'Ouest, Annaba, ne font pas l'objet de critiques? A-t-il été tenté par le diable uniquement à Oran? Cela pour dire que des raisons particulières ont pu être à l'origine de cette «campagne». Lesquelles? M.Frik évacue cette question par «ce n'est pas le moment». Il n'en reste pas moins que lorsqu'on a été wali d'une ville aussi importante, on ne peut avoir contenté tout le monde et n'y compter que des amis. Loin s'en faut. Ces considérations mises à part, l'ancien wali d'Oran martèle que «toute accusation doit être étayée de preuves. Dans le cas contraire, c'est de la diffamation qui exige réparation». Mais de tout cela, y a-t-il une enquête judiciaire? Certains journaux ont été affirmatifs. «Pas à ma connaissance, assure M.Frik. Je ne pense pas que la justice m'aurait ignoré, comme c'est le cas, si elle avait été saisie d'un quelconque dossier contre moi.» Pourtant, ces mêmes journaux se voulaient plus précis en évoquant la Cour suprême. «Mes détracteurs se sont seulement rendu compte des dispositions du Code de procédure pénale. Alors qu'ils espéraient, par leurs rumeurs, l'ouverture d'une information judiciaire au niveau local, ils ont appris sur le tard que, s'agissant du wali que j'étais, seule la Cour suprême est légalement apte à instruire éventuellement un dossier me concernant. En fait, ils n'ont fait qu'énoncer l'article 573 du Code de procédure pénale tout en espérant que leurs désirs deviennent réalité. Quant à moi et en attendant les développements des plaintes que mes avocats ont déposées, je coule des jours paisibles parmi les miens qui, il faut bien le dire, ont été ébranlés par ces médisances. Mais je les défendrai et défendrai mon honneur jusqu'au bout.» C'est sur cette note d'un homme résolu et déterminé que s'achève l'entretien qu'a bien voulu nous accorder en exclusivité M.Bachir Frik, ancien wali d'Oran. Pourquoi L'Expression? «Parce que je suis persuadé que c'est un journal fait par de vrais professionnels», explique en conclusion M.Frik.