Hiver comme été, l'enclavement augmente les peines des citoyens contraints de faire des kilomètres à pied pour rejoindre la plaine La localité de Taghzout, s'étendant sur le flanc sud du Djurdjura à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de Bouira, est rattachée administrativement à la daïra de Haïzer et s'étale sur 45 km² dont plus de 75% sont un relief montagneux. Le dernier recensement fait état d'une population de 13.200 habitants. Si la vie s'est considérablement améliorée au chef-lieu communal avec notamment la mise en service du gaz de ville, il n'en est pas de même dans les 13 contrées de cette commune, notamment les villages de Habloul, Tizi Kelaâ, Talla Boughial, Inesmane, Tafarka, El Kef Ouarkoub. Hiver comme été, l'enclavement augmente les peines des citoyens de ces bourgs qui font des kilomètres à pied pour rejoindre la plaine. La région est certes retenue dans le dispositif des projets de proximité de développement rural intégré (Ppdri) mais les efforts consentis jusqu'à présent restent insuffisants. Le potentiel agricole, dont l'oléiculture, le maraîchage, l'arboriculture et l'élevage, n'est pas rationnellement exploité puisque la région demeure pauvre et dépourvue de moyens à même de répondre aux besoins de plus en plus importants d'une population croissante. «Heureusement qu'il y a l'émigration qui continue à nourrir de nombreuses familles» dira un villageois. Déficit en matière de routes et d'accès, inexistence de projets économiques structurants, absence de structure de sports et de loisirs, inexistence de réseaux d'assainissement et d'AEP... sont un échantillon exhaustif des manques caractérisant la commune située à quelques encablures du chef-lieu de wilaya. L'espoir n'est pas totalement dissipé surtout que le chef-lieu connaît le lancement de plusieurs projets. Merkala a bénéficié de l'inscription d'un CEM qui devrait éviter à des centaines d'enfants des déplacements pénibles surtout que le transport scolaire reste insuffisant. La commune dispose de deux bus affectés au ramassage scolaire des apprenants de 13 écoles primaires et trois CEM. La vétusté caractérise la majorité de ces écoles qui nécessitent des réfections, des extensions et la réalisation de cantines. Le lycée en construction au chef-lieu de la commune accuse plusieurs mois de retard. Prévu pour la précédente rentrée scolaire, il ne devrait ouvrir ses potes qu'à la prochaine rentrée d'autant que le maire en fait une priorité au même titre que l'eau. «L'alimentation de la ville de Bouira depuis le barrage Tilesdit peut nous permettre de bénéficier des puits et forages réalisés sur le territoire de notre commune et augmenter la distribution qui est de un jour sur trois en été» souligne-t-il. A Taghzout, les jeunes sont les plus lésés en raison d'absence de projets de développement. L'ouverture d'un passage sur une distance de 1500 mètres entre Taghzout et Haïzer permettra de relier le CW 6 à la RN33. Cette liaison intégrera la commune dans ce projet structurant et engendrera une dynamique favorable sur les plans touristique et économique surtout que ce passage sera un trait d'union entre les deux stations de montagne: Tikjda au sud-est Talla Guilef au nord-ouest. En attendant des jours meilleurs, l'avenir de cette frange de la société semble hypothéqué à jamais. Dans un passé récent, la population de cette commune avait trouvé en la contestation un refuge à ses déboires. Certes, aujourd'hui, les temps ont changé, les mentalités aussi mais la patience a ses limites.