Ça patine en matière de lutte contre la contrefaçon des produits médicaux. C'est demain que sera présentée la convention «Médicrime», élaborée pour renforcer la lutte contre la contrefaçon des médicaments dans le monde. Cet événement aura lieu à Bâle, en Suisse. A l'occasion, la ville helvétique abritera une Conférence internationale organisée par le Conseil de l'Europe. Celle-ci s'étalera sur deux jours et prendra fin vendredi prochain. A la veille de ce rendez-vous mondial, une question mérite d'être posée: le marché algérien répond-il aux standards internationaux de contrôle des produits pharmaceutiques et médicaux? «Notre pays accuse un retard important sur ce plan», a regretté, hier, Halim Recham, président de l'Association algérienne de codification des articles, GS1 Algéria, joint par téléphone. Ce retard se situe au niveau de la mise en oeuvre du Damatrix, le nouveau système d'identification des médicaments et équipements médicaux. Pourtant, le Damatrix présente plusieurs avantages par rapport à l'actuel système de code à barres à deux dimensions. «En plus de l'identification du produit, il peut contenir beaucoup d'autres informations sous un petit volume. Cette masse d'informations permet d'établir un fichier détaillé facilitant la traçabilité de la marchandise», a expliqué M.Recham. Ce procédé permet de sécuriser le secteur de la santé. Surtout que la chaîne de distribution du médicament et autres produits est soumise à un contrôle rigoureux. Cela dit, cette méthode fait face a une contrainte de taille: la réglementation nationale. Sur ce plan, l'arsenal de sécurisation reste à consolider. Selon notre interlocuteur, l'impératif est de l'adapter aux normes internationales. «Plusieurs pays ont adopté des mécanismes de normalisation aux standards GS1 de traçabilité et d'identification dans le secteur de la santé. Ce n'est malheureusement pas le cas de l'Algérie», a déploré le président de GS1 Algérie. Pis, les autorités sanitaires du pays accordent peu d'intérêt à ce système. A commencer par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. En fait, le département de Saïd Barkat a brillé par son absence lors du deuxième séminaire régional organisé le 8 avril dernier par GS1 Algérie, à l'hôtel Hilton à Alger. Ces journées d'étude ont porté sur la traçabilité par les standards GS1 dans le secteur de la santé. «Nous avons sollicité le parrainage de ce séminaire pour le ministère de la Santé. Cependant, notre sollicitation n'a reçu aucune réponse officielle», a révélé M.Recham. Cette attitude contraste avec l'impératif de lutter contre la contrefaçon des produits médicaux. Laquelle lutte est appelée à être renforcée à l'échelle internationale. Sur ce plan, les experts européens tirent la sonnette d'alarme. Ils mettent la contrefaçon au registre d'une industrie multimilliardaire. Cette industrie est associée au crime organisé. Elle couvre des activités criminelles telles que le trafic de drogue. A l'ère du multimédia, la Toile du trafic des produits pharmaceutiques s'est substantiellement élargie. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de la moitié des médicaments achetés sur des sites Internet qui dissimulent leur identité, seraient des faux. Les contrefaçons peuvent représenter en valeur jusqu'à 50% du marché dans certains pays en développement où l'on compte de nombreux décès liés aux médicaments contrefaits. C'est dans ce contexte que s'inscrit la présentation de la convention «Médicrime». Elle offre, ainsi, un instrument juridique de coopération internationale pour lutter contre le trafic de médicaments et autres produits médicaux. A l'échelle nationale, la GS1 Algéria compte mener une campagne de sensibilisation en vue de vulgariser le système Damatrix. «Pour commencer, nous soumettrons au ministère de la Santé un compte rendu du séminaire que nous avons organisé. Ensuite, nous envisageons des réunions par groupe. Ces réunions viseront la sensibilisation de tous les intervenants dans le secteur de la santé», a indiqué Halim Recham. Il est impératif de sécuriser un secteur aussi sensible que la santé. Il y va de la sécurité nationale.