Deux déclarations qualifiées par le Mrap de racistes, valent au ministre français de l'Intérieur de comparaître devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les propos «racistes» tenus par le ministre français de l'Intérieur, Brice Horte-feux, à l'encontre d'un militant maghrébin de l'UMP, ne sont pas passés sous silence. Six mois après l'incident, la justice convoque le ministre de la République. Ainsi, Brice Hortefeux comparaîtra demain devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris à la suite d'une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Il est poursuivi pour «injure à caractère raciste». Les faits remontent au mois de septembre dernier, à l'occasion de la tenue, à Seignosse dans les Landes, de l'université d'été de l'UMP, parti du président français Nicolas Sarkozy. En présence de Jean-François Copé, président du groupe parlementaire de l'Union pour la majorité présidentielle, un jeune homme, membre de l'UMP, Amine Brouch-Benalia, avait ce jour-là été présenté à Hortefeux pour se faire prendre en photo. A l'heure de la prise de vue, un militant s'écrie: «Ça, c'est l'intégration!», une voix de femme retentit: «C'est notre petit Arabe», puis elle ajoute: «Il est catholique. Il mange du cochon et boit de la bière.» Ces déclarations ont ouvert la voie au ministre qui enchaîne à son tour. «Il ne correspond pas du tout au prototype». Au nom de ses statuts, le Mrap considère qu'une telle déclaration renvoie les personnes d'origine arabe à des modèles fabriqués sur «prototype». L'autre déclaration qui vaut à Hortefeux de comparaître devant le tribunal correctionnel est le fait de poursuivre ainsi: «Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup que cela pose des problèmes.» Cette expression utilisée par M.Hortefeux «exclut», note le Mrap, «de fait, les personnes d'origine arabe du pacte social et du Vivre-ensemble». Cette ONG sera représentée par Me Pierre Mairat, qui est chargé du dossier. Par la même occasion, le Mrap dénonce les nombreuses «attaques racistes» qui prédominent l'actualité française. Pour le Mrap, il est urgent de sortir de cette obsession des origines, de l'appartenance «ethnique» et des «identités» prétendument figées, pour donner à chaque être humain sa valeur propre. «L'obsession des origines marque, actuellement, fréquemment l'actualité politique en France. Après les propos de Nadine Morano sur "le jeune musulman", de Gérard Longuet sur Malek Boutih qui ne serait pas issu du "corps traditionnel français" ou encore du maire FN de Neuffontaines en Bourgogne -: "Quelqu'un qui s'appelle Mohammed n'est pas Bourgui-gnon."-, on peut considérer que tout ceci est révélateur d'une terrible réalité: l'incapacité, pour la classe politique, de considérer ces jeunes Français comme des Français à part entière». Ce n'est pas la première déroute du ministre. En 2009, il s'est attaqué à Fadéla Amara. «Comme ce n'est pas forcément évident, je le précise, que Amara soit une compatriote», avait-il dit. La secrétaire d'Etat à la Ville aurait depuis, passé l'éponge. Solidarité gouvernementale oblige. Quitte à fouler aux pieds ses principes. Les blagues racistes d'Hortefeux ont fini par en excéder plus d'un. L'ex-garde des Sceaux, Rachida Dati, actuellement députée européenne, n'a pas hésité à le qualifier, en privé et devant certains ministres qui lui étaient proches, de «gros raciste». L'attaque contre le jeune militant maghrébin a provoqué une grande polémique en France. La classe politique de l'Hexagone et les médias ont longuement commenté les propos du ministre français. Ce qui a poussé ce dernier à présenter ses «regrets» à la communauté musulmane lors du traditionnel Iftar organisé, au mois de Ramadhan, par le Conseil français du culte musulman (Cfcm). Devant ces faits en cascade, le tribunal correctionnel corrigera-t-il le ministre de la République?