Les insurgés islamistes somaliens d'alshebab se rendent coupables d'assassinats, de traitements inhumains et font preuve d'une «implacable brutalité» contre les populations du sud de la Somalie sous leur contrôle, accuse un nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW). Les shebab, qui revendiquent leur affiliation à Al Qaîda, «ont amené une plus grande stabilité dans plusieurs régions du sud du pays, mais à un coût exorbitant» pour les populations locales, en particulier les femmes, estime ce nouveau rapport d'HRW. Le document de 62 pages décrit, notamment les punitions - amputations, coups de fouets - infligées régulièrement à certains habitants ayant violé leur interprétation de la loi islamique, ou les exécutions et assassinats des supposés traîtres et sympathisants du gouvernement. Selon HRW, les shebab, qui contrôlent le centre-sud de la Somalie et la majorité de Mogadiscio, font preuve d'une «implacable répression et brutalité» contre les populations. Certains responsables locaux de la milice islamiste «déploient une énergie extraordinaire pour s'immiscer dans la vie des femmes et empêcher la mixité», explique l'organisation de défense des droits de l'homme, citant des cas de femmes flagellées pour être sorties de leur domicile sans habaya (voile noir intégral). «Les châtiments corporels ou les humiliations publiques sont fréquemment infligés aux hommes qui ne vont pas à la mosquée, ont des cheveux longs ou portent des vêtements que les shebab considèrent comme trop occidentaux», ajoute HRW, qui s'inquiète de «l'enrôlement forcé» d'adolescents dans les rangs des islamistes. HRW s'alarme par ailleurs «des attaques indiscriminées» contre les civils à Mogadiscio, violences dont sont responsables les shebab, mais également les forces du gouvernement de transition (TFG) et la force de paix de l'Union africaine (Amisom). «Toutes les parties en conflit sont responsables des multiples violations des lois de la guerre» dans la capitale, souligne le rapport. «Les insurgés tirent régulièrement au mortier de façon indiscriminée sur des zones densément peuplées contrôlées» par le TFG, «apparemment dans l'espoir d'attirer une riposte» meurtrière des forces gouvernementales et de l'Amisom. «La force de la paix de l'UA a bombardé au mortier dans des zones densément peuplées sans prendre les précautions nécessaires pour faire la différence entre civils et cibles militaires», selon HRW. Enfin, «le fort soutien international dont bénéficie le gouvernement somalien de la part des Etats Unis, de l'Union européenne, de l'Union africaine (UA) ou des Nations unies a souvent conduit ces acteurs à ignorer les abus du TFG et de l'Amisom», déplore HRW.