Promue langue nationale en 2005, d'autres défis attendent encore tamazight. Alors que la «Semaine de l'amazighité» se tient à la Maison de la culture, l'université de Tizi Ouzou a abrité de nombreuses activités estudiantines et culturelles ponctuées par des conférences sur le parcours de la revendication identitaire. Cette même commémoration a été l'occasion pour le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) d'organiser une marche populaire. L'appel a drainé quelque trois mille militants et sympathisants. De son côté, le MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie) a marqué cette date par une marche qui a rassemblé environ cinq mille sympathisants à l'idée incarnée par Ferhat Mehenni. Hier, les militants du RCD se sont rassemblés à la place du 20 Avril, située dans la nouvelle-ville avant que la marche ne s'oriente vers le stade Oukil-Ramdane au centre-ville de Tizi Ouzou. Notons également que le 30e anniversaire du Printemps berbère a été riche en activités culturelles. Hier après-midi, la Maison de la culture Mouloud- Mammeri a abrité un gala animé par le mythique groupe Debza. La troupe, connue pour être formée par Kateb Yacine, s'est produite dans une salle archicomble. La veille, le 19 avril, c'est la petite salle qui a accueilli des conférences animées par d'anciens animateurs du Mouvement culturel berbère, à l'instar de Saïd Chemmakh et Arezki Hammami. De son côté, Saïd Khellil, ancien militant de la cause amazighe a été l'hôte des étudiants de l'université de Tizi Ouzou où il est revenu sur les acquis et le cheminement de la revendication identitaire depuis le Printemps de 1980. A noter que ce 30e anniversaire est aussi une occasion pour mesurer le long chemin parcouru dans la reconnaissance de la dimension berbère de l'Algérie. Tous s'accordent à dire en effet, que durant ces trois décennies, la langue et la culture amazighes ont franchi des pas indéniables. Tamazight a d'abord, été reconnue officiellement comme langue nationale. Elle est actuellement l'un des trois fondements de la personnalité algérienne aux cotés de l'Islam et de l'arabe. Parallèlement à cet acquis, celle-ci a intégré l'Ecole algérienne pour être enseignée dans tous les paliers. Sans omettre de signaler les manques dont elle souffre encore, il n'en demeure pas moins que la dimension amazighe n'est plus un tabou dans son pays. Notons aussi que sa dotation par un Haut Commissariat va immanquablement aider à son épanouissement et contribuer à sa revalorisation. Il est indéniable que sa dotation d'une chaîne de télévision est un autre acquis, mais les spécialistes recommandent d'explorer d'autres domaines tout autant importants pour la survie non pas du berbère uniquement mais de toutes les langues. Les Amazighs, d'aujourd'hui, feront face à de multiples défis. Parmi ceux-ci, l'introduction de tamazight dans les nouvelles technologies apparaît comme la priorité des priorités. Dans un avenir très proche, les langues dont le berbère devront s'investir dans l'informatique, la téléphonie, et bien sûr, les nouvelles technologies. Autre défi qui attend les génération actuelles, c'est incontestablement lui rendre sa place dans les tribunes internationales. Parlée par des dizaines de millions de locuteurs, tamazight doit s'imposer dans l'espace audiovisuel méditerranéen qui est à ses premiers balbutiements. Enfin, signalons le mérite du combat pour la dimension amazighe qui ne s'est pas dissocié de celui pour la démocratie et les libertés publiques. La preuve a été donnée hier à Tizi Ouzou où le 20 avril a été célébré dans la diversité et dans le calme.