Aujourd'hui, cet homme a en sa possession pas moins de 6000 articles de presse, tous inhérents à sa thématique de prédilection. A chacun sa passion et Mohamed Chami a la sienne. Dès son jeune âge, il a fait de la collection de tout document inhérent à la chanson d'expression kabyle, son occupation première après son activité professionnelle. Aujourd'hui, Mohamed Chami a en sa possession pas moins de 6000 articles de presse, tous inhérents à sa thématique de prédilection. En plus de cette riche documentation, Mohamed Chami a collectionné environ 500 anciens disques (des 33 tours, 45 tours et 78 tours). De même qu'il a aussi archivé des posters d'artistes kabyles tous styles confondus. C'est au début des années soixante-dix que Mohamed Chami, qui habite dans le village Taourirt Mimoun à Ath Yenni, a décidé d'entamer son travail de collecte de tout ce qui a trait à la chanson kabyle. Cet amour pour la chanson kabyle est né de l'écoute permanente de la radio kabyle, Chaine II. Cette dernière a été pour beaucoup dans l'accentuation de cet intérêt. Petit à petit, Mohamed Chami a pris conscience de l'importance que prenait la chanson kabyle dans le cadre de la prise de conscience de l'identité amazighe. Il était aussi au fait de l'impact qu'avait la chanson dans la société kabyle largement de tradition orale. Il eut alors l'idée de devenir un fidèle de la presse algérienne. «J'ai d'abord commencé par enregistrer des émissions consacrées à la chanson et des émissions où étaient invités des artistes kabyles», se rappelle Mohamed Chami, qui nous a rendu visite en notre bureau de Tizi Ouzou. Puis, très vite, après la radio, Mohamed Chami décide de se pencher sur la presse écrite. A l'époque, il n'y avait pas autant de journaux. Mais les articles et les interviews qui y paraissaient étaient d'une grande consistance. «Je suivais de près ce qui se publiait dans les journaux El Moudjahid, Algérie Actualité et dans les revues Révolution Africaine, Parcours Maghrébin, l'Unité et Actualité de l'émigration», ajoute notre interlocuteur. Puis, avec l'ouverture démocratique d'octobre 1988, le nombre de journaux en Algérie a considérablement augmenté et Internet n'était pas encore là pour lui faciliter la tâche. Comment alors a-t-il pu continuer sa tâche sans pour autant rater une bonne partie de ce qui était publié dans les journaux au sujet de la chanson kabyle d'autant plus que ce thème a attiré énormément l'intérêt de la presse indépendante? Mohamed Chami répond qu'il a pu persévérer grâce à l'aide d'un nombre important de ses amis, aussi bien au village que dans d'autres régions. Ces derniers, connaissant la passion de Mohamed Chami, ne ratent aucune occasion pour enrichir sa boite d'archives. A chaque fois qu'il y a des articles sur un artiste kabyle ou sur la chanson kabyle en général, ses amis se chargent de le lui transmettre. Dans le cadre de sa passion, Mohamed Chami a eu l'honneur de correspondre par écrit avec des célébrités de la chanson kabyle à l'instar de Matoub Lounès, de Bahia Farrah, Cheikh Nordine, Oultache Arezki et tant d'autres. «C'était en 1984, j'ai écrit à Matoub Lounès et quelques jours plus tard, il m'a répondu par écrit. Sa lettre manuscrite a été publiée dans le livre Ephémérides kabyles de Youcef Merahi», affirme Mohamed Chami. Pourquoi tout ce travail? Que gagne-t-il en se donnant tant de peine? Mohamed Chami commence par nous donner la première réponse qui coule de source. «C'est une activité qui me fait énormément plaisir. C'est ma véritable passion. Je fais ce travail d'archivage par amour», dit-il. Mais il y a une deuxième raison. A chaque fois qu'il est sollicité, il n'hésite pas à mettre toute sa documentation au service de ceux qui le lui demandent. Ainsi, des étudiants ayant préparé des mémoires de fin d'études sur des chanteurs kabyles se sont rendus chez lui à Ath Yenni et il leur a remis tout ce qui a été publié dans la presse sur le sujet qu'ils traitent. «J'ai aidé des étudiants ayant fait des mémoires de licence sur des chanteurs comme Zedek Mouloud, Idir, Cheikh El Hasnaoui, Cheikh Mohand Oulhocine, etc.», explique Mohamed Chami. Ce dernier remet ses archives gracieusement à ceux qui frappent à sa porte. Il dit le faire par militantisme afin de contribuer à la promotion de la culture amazighe, à sa manière. Mohamed Chami a collaboré à une certaine période dans la presse. Il a aussi participé à plusieurs manifestations culturelles à Alger et Tizi Ouzou et dans d'autres villes du pays.