Venus du Colorado, du Kansas, de l'Oregon et de Washington DC, des législateurs américains ont trouvé un hémicycle totalement vide. Un terrible coup pour la crédibilité de l'APN. L'absentéisme s'est niché au sein de l'Assemblée populaire nationale. L'hémicycle est totalement déserté par les députés au point que des personnalités politiques que des associations de ce qui reste de la société civile évoquent pour la première fois l'idée d'une fermeture de cette institution. Le summum de cette «pathologie» qu'est l'absentéisme a été atteint hier quand d'éminents sénateurs américains, des parlementaires se sont retrouvés face à... eux-mêmes. C'est dans une salle quasiment vide que les représentants de la Conférence nationale des législatures des Etats américains (Ncsl-USA) ont en effet, présenté leur conférence hier, à l'APN. Les députés ont choisi de boycotter l'atelier de formation sur le thème «Ethique parlementaire» prévu du 26 au 28 avril. «Que faut-il attendre des députés qui refusent de se frotter à l'une des plus vieilles démocraties du monde? Que faut-il attendre de soi-disant élus du peuple qui n'ont même pas la curiosité d'apprendre chez des géants du droit législatif?» s'est interrogé un représentant d'une association, scandalisé de voir pareil spectacle. On ne peut pas rendre plus mauvais service à l'Algérie. Nos députés viennent de donner ainsi le plus mauvais exemple. C'est un terrible coup non seulement à la crédibilité de l'APN mais également à l'image de tout un pays. Des sénateurs dont certains ont plus de 40 ans d'exercice, excusez du peu, venus partager leur savoir, n'ont pas compris qu'il fallait plus pour attirer nos députés grassement payés. Un voyage tous frais compris sur l'île de Manhattan, une randonnée au Michigan Avenue, ou un dîner, de préférence arrosé à George Town, les ferait bousculer au portillon. Pauvres Amerloques qui croient encore à ces histoires d'éthique parlementaire! Néanmoins, l'on remarquera la présence en force des députés du Parti des travailleurs (PT), conduits pas Louisa Hanoune, qui ont voulu, en vain, faire réagir les conférenciers sur un phénomène très propre au parti relatif au «changement de casquette politique durant le même mandat». Mme Peggy Kerns, directrice du Ncsl, a clairement signifié à l'assistance que «cette question n'est pas incluse dans le thème de la conférence». Louisa Hanoune rebondit et évoque encore un autre thème dans le programme, celui relatif aux «pressions politiques subies par les élus de la Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina». Là aussi, la réponse est négative. Hanoune fut même empêchée parfois de prendre la parole. Ce choc entre le PT, principalement Louisa Hanoune, et les mem-bres du Ncsl a marqué la première journée de l'atelier. Et a empêché les participants d'entrer dans le vif du sujet. Les experts américains venus des institutions législatives des Etats du Colorado, du Kansas, de l'Oregon et de Washington DC ont attendu la séance de l'après-midi pour lancer le débat autour du thème principal: l'éthique parlementaire. En tant que code de déontologie comportemental de l'élu mais également du fonctionnaire qui l'assiste, il renvoie à un ensemble de principes qui puisent autant dans la culture universelle en ce qu'elle recèle de valeurs que dans les règles qui régissent la profession politique, ont souligné les participants. Par-delà ce domaine, il ne faut pas le confondre avec l'éthique, le strict respect de la légalité, qu'incarnent les lois et les règlements établis. Parmi les questions analysées, l'on retiendra: la crise de conscience, comment peut-on gérer le conflit interne né de cette confrontation entre les intérêts des circonscriptions des élus et ceux de la nation? Se sortir du dilemme éthique sans heurter ni sa propre conscience ni la sensibilité des autres, s'enseigne et s'apprend, selon Mme Peggy Kerns. Conçu pour la formation technique et le perfectionnement des parlementaires, l'atelier s'inscrit dans le vaste programme d'échanges entre les Assemblées législatives des Etat-Unis et le Parlement algérien. Ce programme mis en oeuvre depuis six ans, a pour objectif de renforcer les capacités institutionnelles qui sont celles de l'Algérie à travers l'appui multiforme apporté à son Parlement.