après l'attaque antiaméricaine de New York, les Etats-Unis ont conforté leur règne sur le monde. Le 11 septembre 2001 marque la fin d'une époque transitoire issue de la chute du bloc soviétique, et ouvert l'avènement de l'impérialisme américain. Une décennie qui a été mise à profit par Washington pour tisser sa toile d'araignée sur le monde, singulièrement à la faveur de la rentrée, dans le rang de la Russie. L'impardonnable faute politique commise par Bagdad, par l'envahissement et l'occupation du Koweït, a donné à Washington le prétexte et l'opportunité unique de faire double coup: mettre au pas un pays rebelle, installer pour la durée - cela ne fait plus aucun doute - l'armée américaine dans une région gorgée d'or noir. Pour comprendre le 11 septembre, il faut aussi replacer cet événement dans la situation géostratégique et économique ayant prévalu lors de cette décennie, depuis la chute des communistes: la montée de la violence liée à l'Islam dans les pays du Moyen et de l'Extrême - Orient, la décantation politique qui s'effectuait en Europe de l'Est, avec la disparition de l'URSS, enfin les fabuleuses découvertes de naphte dans les ex-Républiques soviétiques musulmanes d'Asie , la confirmation des gigantesques gisements pétroliers irakiens. L'un dans l'autre, ces paramètres ont incité Washington à accentuer sa mainmise sur ces régions du monde tout en donnant l'impression de servir les bonnes causes. L'une de ces causes étant la lutte antiterroriste. Or, l'apparition d'un Islam de combat n'est pas le fait du hasard et est due essentiellement à la volonté des Etats-Unis, qui armèrent et formèrent les premières phalanges islamistes des Moudjahidine afghans, pour contenir l'avancée des communistes en Asie orientale. C'est encore Washington, sans doute pour barrer la route à l'émergence d'une alternative citoyenne, dans les pays arabes et musulmans, qui encouragèrent la montée d'un islamisme politique qui se mua rapidement en un intégrisme violent qui échappa peu à peu à ses mentors américains. Oussama Ben Laden, à un degré moin- dre, Mohammed Omar Moudjahed (le mollah Omar chef des taliban) ont été, sinon des créations de Washington, à tout le moins, des serviteurs zélés de l'Oncle Sam. C'est notamment vrai pour le milliardaire d'origine saoudienne, Oussama Ben Laden, longtemps honorable correspondant de la CIA et maître d'oeuvre et financier des groupes armés islamistes dans le monde. Ben Laden, aujourd'hui, ennemi des Etats-Unis n°1, aida cependant ses anciens amis américains à s'implanter dans le monde arabe et musulman. C'est ce même chef d'Al-Qaîda, qui après avoir introduit le loup dans la bergerie qui «jure par Dieu» que l'Amérique «ne connaîtra plus jamais la sécurité avant que la Palestine ne la connaisse et avant que toutes les armées occidentales athées ne quittent les lieux saints» Pourtant, Ben Laden n'était pas aussi catégorique, quand les armées alliées occidentales démolirent l'Irak, un pays arabe et musulman; lorsque les marines américains s'installèrent en Terre sainte d'Arabie. Dès lors, l'attaque frontale terroriste du 11 septembre, dont les tenants et aboutissants sont encore à déterminer et qui ne s'explique toujours pas clairement, aura paradoxalement induit un renforcement de la puissance américaine, même si l'attentat avait visé les Etats-Unis dans les symboles mêmes de leur puissance économique et militaire, le World Trade Center et le Pentagone. C'est ainsi que Washington a vu son statut renforcé, avec comme première conséquence, le fait que depuis le 11 septembre, les Etats-Unis agissent en véritables souverains de la planète, ne laissant à quiconque la moindre illusion sur un sort partagé. Même l'ONU a été réduite au rôle dévalorisant d'exécutant des volontés et décisions prises à (et par) Washington. De fait, les Etats-Unis font payer chèrement au monde les victimes américaines des attentats du 11 septembre en s'imposant comme unique vecteur de la politique universelle de lutte contre le terrorisme international. Laisser la voie libre aux USA a même été l'une des toutes premières décisions prises par le Conseil de sécurité de l'ONU au lendemain de ce jour néfaste. En contraignant tous les Etats «à priver les réseaux terroristes de soutien financier et logistique» et en menaçant de sanctions «les pays qui refuseraient de coopérer à la lutte antiterroriste menée par les Etats-Unis» le Conseil de sécurité accorde à Washington - qui dispose déjà de pouvoirs exorbitants - un blanc-seing et toute latitude dans la conduite de la lutte antiterroriste. Ce qui aurait été une excellente chose, s'il n'y avait pas le fait que, jusqu'au 11 septembre, toutes les organisations, aujourd'hui répertoriées, ou présumées terroristes, y compris Ben Laden et son groupe d'Al-Qaîda, avaient le plus normalement du monde pignon sur rue aux Etats-Unis et de nombreux comptes en banque dans les villes américaines. Ce sont encore les Américains, qui tenaient pourtant à jour la liste noire desdites organisations terroristes, qui fermaient les yeux sur leurs méfaits tant que celles-ci ne s'attaquaient pas aux intérêts américains. Un deal, aujourd'hui rompu, existait donc entre un Ben Laden, et même un mollah Omar, et les différents services américains qui les ont utilisés au gré de ses intérêts et valeurs américains. Dans cette optique, l'attaque antiaméricaine du 11 septem- bre aura mis à nu le jeu trouble des Etats-Unis et leurs accointances avec des organisations terroristes aujourd'hui honnies. Et ce n'est là que l'un des aspects des retombées des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, qui ont également donné à Washington de conforter son ascendant sur le monde.