Trois ans après la destruction du World Trade Center, la lutte contre le terrorisme international reste imparfaite. La commémoration du troisième anniversaire de l'attaque terroriste antiaméricaine, outre qu'elle a rouvert le débat sur ce phénomène, a permis de mesurer ce qui a été accompli jusqu'ici dans la lutte contre les groupes terroristes armés. En fait, l'attentat sanglant contre les Tours Jumelles de New York le 11 septembre 2001, -imputé à la nébuleuse islamiste Al Qaîda d'Oussama Ben Laden-, a induit un changement radical dans l'appréciation de ce nouveau fait de société qui a bouleversé totalement l'approche que d'aucuns se faisaient de l'islamisme, alors en action dans des pays tels que l'Algérie et l'Egypte, qui eurent à souffrir des actes criminels de ces hommes se revendiquant de l'islam. Mais il fallut l'attaque antiaméricaine à New York et Washington pour que la vision de la communauté internationale évolue et replace ce phénomène dans son véritable contexte de violence et de dangerosité. Cette évolution, et pour cause, était singulièrement perceptible chez les Etats-Unis, contraints alors de réviser l'ensemble des idées qu'ils avaient sur l'islamisme avec lequel ils étaient prêts à composer, y compris avec les groupes obscurantistes taliban. Le hic dans cette affaire est le fait que Washington a pris sur lui de faire de cette question, qui interpelle en réalité l'ensemble de la communauté internationale, un problème américain, d'ou la décision de faire cavalier seul dans une guerre que les Etats-Unis ont entreprise sans prendre en considération les données inévitables, induites par cette situation nouvelle à laquelle se trouve confrontée la communauté internationale. Aussi, trois ans après les attentats antiaméricains, beaucoup d'observateurs et analystes demeurent sceptiques sur les progrès accomplis dans la lutte contre le terrorisme que résume quelque peu le président polonais, Aleksander Kwasniewski, allié des Etats-Unis en Irak, qui a estimé hier que «Trois ans après les évènements tragiques aux Etats-Unis, la guerre contre le terrorisme n'a toujours pas apporté les résultats escomptés». En fait, la guerre contre le terrorisme a été mal engagée car d'aucuns, Washington notamment, avaient tiré la couverture à eux sans trop tenir compte de la réalité du terrain. Ainsi, malgré leur puissance considérable, les Etats-Unis ne sont pas jusqu'ici parvenus à stopper les actions criminelles de cette mouvance guerrière, réussissant au contraire à susciter de nombreuses vocations de kamikazes, l'une des nouvelles donnes de cette forme de terrorisme qui endeuille le monde. Continuant à faire dans l'amalgame, le vice-président américain, Dick Cheney, s'est félicité du «succès» réalisé contre le régime de Saddam Hussein, -que les Etats-Unis persistent à lier au terrorisme alors qu'aucune preuve n'est venue étayer leur accusation-, quand seuls les Etats-Unis, pour des raisons stratégiques évidentes, avaient intérêt à la disparition du régime baasiste de Bagdad. Ainsi, la guerre livrée à l'Irak a, d'une part, faussé la donne de la lutte antiterroriste, d'autre part induit de nouveaux foyers de violence en Irak et dans le monde, résultat direct de l'intervention américaine dans ce pays. En fait, en focalisant l'attention durant plus de deux ans sur l'Irak, Washington a imprimé à la communauté internationale ses priorités ne prenant pas compte le fait qu'une lutte efficace contre le phénomène terroriste supposait une étroite coopération entre les Etats et surtout devait impliquer directement les Nations unies représentatives de la communauté internationale et aussi les plus qualifiées pour prendre en charge et mener, au nom de cette communauté, la guerre contre le terrorisme qu'appellent de leurs voeux tous les peuples du monde. Le terrorisme international a non seulement changé l'appréciation que la société se faisait de la violence mais aussi changé en fait les rapports entre les nations induisant, sans doute, une autre dimension aux relations internationales fondées sur la coopération et la solidarité. Mais pour que cette coopération et cette solidarité soient efficaces et aboutissent à l'éradication du terrorisme il faudrait encore que tous les Etats jouent le jeu et collaborent sans arrière-pensée politicienne ou teintée d'exclusivisme comme le font présentement les Etats-Unis.