Le procès des jeunes manifestants placés sous mandat de dépôt, qui devait se tenir hier, a drainé une foule impressionnante devant le tribunal de Boumerdès. Beaucoup d'encre a coulé et peu a été dit sur cette affaire de l'assassinat du jeune dans la paisible localité de Zemmouri. Disons d'abord que le procès des jeunes manifestants mis sous mandat a été reporté au 11 mai prochain. Cet ajournement est dû au refus du parquet de donner suite à la requête de la défense des jeunes arrêtés. La défense a exigé dans sa demande au procureur de la République la levée de la mise sous mandat de dépôt et la mise en liberté provisoire de ses mandants avant la tenue du procès. La séance d'hier a drainé une foule impressionnante. A la lumière de ces données, il est clair que les mis en cause arrêtés dans la foulée des affrontements opposant les forces antiémeute et les jeunes manifestants pourront s'en sortir avec des peines de prison avec sursis. Cette issue a été même suggérée par le wali lors de son intervention à l'ouverture des travaux de l'APW. Il a laissé entendre qu'il est allé intercéder en leur faveur pour permettre un retour au calme. La malencontreuse affaire ayant secoué la localité de Zemmouri, à une dizaine de kilomètres à l'est de Boumerdès, n'a pas encore livré tous ses secrets. En effet, l'information fournie par les renseignements, sur la base de laquelle la division de la police judiciaire en coordination avec la brigade de la police judiciaire locale ont mené une opération de recherche, a tourné au drame. Réputée zone grise, Zemmouri est une localité où activeraient encore des cellules de soutien au terrorisme, selon les services de sécurité antiterroriste. D'ailleurs, l'opération à l'origine de l'assassinat d'un jeune originaire de la région, est déclenchée suite à l'information faisant état de la présence suspecte de terroristes. Cet incident n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. En ce sens que les manifestants s'en sont pris aux édifices publics pour déverser leur colère exacerbée par la mal-vie. Après avoir incendié le chalet abritant le siège de l'ADE, la foule des contestataires s'apprêtait à brûler le siège de l'APC ainsi que d'autres édifices publics. Tout en refusant d'engager des poursuites contre le policier auteur de l'assassinat, le père de la victime aurait nié que les émeutes aient quelque chose à voir avec la mort de son fils. Toutefois, l'action publique contre l'auteur du forfait n'a pas cessé pour autant. Placé sous mandat de dépôt, le policier a été radié de fait des rangs de la police. Les résultats de l'autopsie ont abouti à la même version des faits donnés par le wali à l'occasion de la session ordinaire de l'APW: il s'agit d'une seule balle et non de plusieurs qui a été tirée par un policier, laquelle malheureusement a atteint la victime au niveau de la nuque alors qu'il tentait de prendre la fuite. Le tragique drame qui a emporté le jeune Moussa à la fleur de l'âge, mercredi dernier, a engendré des affrontements d'une rare violence entre les jeunes manifestants et les forces antiémeute durant trois jours. Des blessés et des dégâts matériels importants ont été déplorés. Les étudiants de l'université M'hamed-Bouguerra ont initié de leur côté une marche pour protester contre la violation de la franchise universitaire par les policiers durant la soirée et la nuit d'avant-hier. Une marche silencieuse a été organisée vers le siège de la wilaya. Par ailleurs, les manifestants n'ont pas hésité à s'attaquer au siège de la sûreté et la BMPJ locales. Les affrontements qui ont débuté juste après la mort du jeune B. Moussa, soit mercredi dernier, se sont poursuivis jusqu'à la nuit de vendredi dernier. Plusieurs blessés ont été enregistrés de part et d'autre, indique-t-on. Des renforts des forces antiémeute ont été dépêchés sur la ville de Zemmouri pour contenir la colère des jeunes manifestants qui ne cessait de prendre de l'ampleur, notamment après la prière du vendredi. Selon une source crédible, pas moins de 22 jeunes émeutiers ont été arrêtés. Ils sont âgés entre 20 et 25 ans. Enfin, la tension est perceptible dans toute la ville côtière de Zemmouri ainsi qu'aux alentours du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès où d'importants renforts des forces antiémeute ont été dépêchés.