«La politique du foncier agricole vise à protéger la terre, empêcher la dégradation des sols, les détournements et son affectation vers des usages spéculatifs.» La précision vient de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. La déclaration a été faite jeudi dernier en marge d'une visite effectuée dans la wilaya de Tipaza. Il a aussi rappelé que les terres agricoles du domaine privé de l'Etat, occupent une superficie de l'ordre de 2,8 millions d'hectares, soit 35% de la surface agricole utile estimée à 8,5 millions d'hectares. Donc, 6 millions d'hectares sont des terres privées. Toujours à propos des visées du projet de loi sur le foncier agricole, le ministre a affirmé que «l'important est d'entretenir et d'utiliser d'une manière optimale le foncier agricole, afin d'atteindre les objectifs d'assurer la sécurité alimentaire pour le pays». L'avant-projet de loi sur le foncier agricole, actuellement au niveau du bureau de l'APN, introduit une gestion des terres agricoles par les particuliers mais qui restent toujours propriété de l'Etat, de ce fait, une grande polémique s'est créée ces derniers jours sur cet article qui vise une réduction significative de la durée de jouissance des terres agricoles octroyées par l'Etat, soit de 99 ans à 40 ans. Bien que les attributaires préfèrent conserver leur ancien statut, celui décrit dans la loi 87-19 du 18 décembre 1987. A cet effet, le ministre de l'Agriculture a souligné qu'«en termes d'exploitation des terres, la période de 40 ans n'influe en aucun cas sur les systèmes de production». Il convient de signaler que certains attributaires dans le cadre de l'ancienne loi, ont complètement réorienté les objectifs des terres octroyées vers des investissements spéculatifs. Des constructions et bâtisses urbaines ont remplacé la culture de la terre à des fins agricoles. Cela n'a fait que ralentir le développement du secteur agricole en Algérie, en atteste cette dépendance alimentaire (5,8 milliards de dollars d'importations alimentaires chaque année). Accompagné de Tarek Benmoussa El Zadjali, directeur général de l'Organisation arabe pour le développement agricole, des ministres arabes de l'Agriculture, Benaïssa a inspecté le barrage hydraulique de Boukerdane. Sur place, ils ont reçu des explications sur le plan du renouveau rural, avant de procéder à la plantation d'un arbre par chaque ministre arabe de l'Agriculture. Pour sa part, Saïd El Saadi, ministre jordanien de l'Agriculture, s'est dit très attristé du fait que les pays arabes n'arrivent pas à construire une politique de développement économique commune. «L'Algérie possède un potentiel important de ressources naturelles dans le domaine agricole, comme d'autres pays arabes, nous n'avons pas pu l'exploiter pour l'instant», nous a-t-il déclaré. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a visité aussi une exploitation agricole collective, près d'El-Nadhour. Quant à l'avant-projet de loi, non encore rendu public, et qui a suscité de fortes réserves auprès des organisations professionnelles agricoles, il ne semble pas faire reculer le ministre face aux spéculateurs.