Fermé depuis plus de 25 ans pour des travaux de restauration, le Palais Ahmed-Bey, haut lieu historique et splendeur de la période ottomane, sera «incessamment» rouvert en tant que musée vivant des arts et traditions populaires (ATP) du Constantinois, indique-t-on à la direction de la culture. Le palais, qui a fait office, à l'avènement de l'indépendance, de lieu d'expositions et de rencon-tres culturelles, jusqu'à sa fermeture en 1982, est l'un des derniers bastions de la résistance algérienne à l'occupation française. Il a fait l'objet d'une première restauration, entamée en 1986, sur la base d'une expertise polonaise qui avait estimé, à l'époque, sa «remise à neuf» à quelque 130 millions de dinars. Prise en charge, d'abord par l'Agence nationale d'archéologie, puis par le Bureau d'études technique Société d'archéologie urbaine (BET-SAU), cette opération de restauration sera enfin confiée à la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC), qui en assure la maîtrise d'ouvrage depuis 2005. Edifié entre 1825 -1835, symbole physique d'un beylik puissant et structuré, dont le pouvoir s'étendait jusqu'aux frontières tunisiennes, ce monument a été érigé en véritable citadelle dont les différents corps (volumes) donnent essentiellement sur l'intérieur de la bâtisse. Seul à la tête du dernier territoire convoité par les Français après la chute d'Alger en 1830, «Hadj Ahmed Bey se devait de développer une grande citadelle protégée et fermée entièrement à l'intérieur», a souligné le chef de ce projet de restauration, M.Abdelaziz Badjadja, architecte-restaurateur de son état, mais aussi passionné d'histoire. S'élançant vers le ciel grâce à 245 colonnes de marbre, porté par des murs épais où prennent naissance des arcs brisés formant les 27 galeries qui frappent, de prime abord, le visiteur par la fraîcheur qu'elles produisent dès le vestibule (skifa), le palais du Bey se développe sur deux niveaux dans une somptueuse composition architecturale. Doté de deux jardins, de patios et de pièces de toutes dimensions, selon une conception inspirée des maisons de l'époque romaine, il se caractérise par différents volumes donnant naissance à des quartiers autonomes, dont le diwan ou medjlis, cabinet du Bey, pièce maîtresse, située au centre et dominant tout le palais à travers ses 15 fenêtres. Il y a également le harem, espace considérable où se distinguent quatre galeries par niveau, ou encore le patio considéré comme la cour de l'état-major. Le palais se distingue encore par l'emplacement des appartements de la fille du Bey, qui donne par une imposante moucharabieh sur un magnifique jardin d'orangers, premier noyau du palais du Bey, dont s'évade une légère senteur de jasmin pénétrant jusqu'aux cloisons dotées de plus de 500 portes et fenêtres finement sculptées et richement colorées. Un lieu somme toute majestueux, témoin d'une opulence sans limite où rivalisent des matières nobles travaillées par des mains expertes et artistes à plus d'un égard, du bois au marbre, à la céramique historique (zellaïdj) provenant particulièrement, selon M.Badjadja, de Tunisie, de Hollande et d'Italie.