Relevé de ses fonctions à la tête de la Chambre nationale de l'agriculture, Mohamed Chérif Ould El Hocine, ne semble pas offusqué pourtant. Le désormais ex-président de la CNA, a affirmé: «Je suis au service de la République, et j'accepte la décision du ministre.» Joint par L'Expression, le même interlocuteur ajoute que, «même si, dans le fond et dans la forme, la décision est un peu contestable, car on devait creuser plus profond, pour s'enquérir de la vérité, j'applique et je rentre chez moi». Du côté du ministère de l'Agriculture, on ne l'entend pas de cette oreille. «On ne joue pas avec l'argent du secteur», a déclaré un haut responsable du ministère, avant de trancher sec: «On ne badine pas avec la République. Nous avons agi après avoir rassemblé toutes les preuves qu'il faut.» Selon cette source, le désormais ex-président de la CNA «voulait imposer le financement de certains projets nécessitant des enveloppes grandioses, auxquelles les membres du conseil d'administration de la Chambre ont signifié leur refus». Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, est intervenu dans cette affaire, en exerçant son droit de regard, garanti par l'Etat. La CNA est un organisme étatique public, lié directement au département de l'agriculture. «Le ministre a agi pour mettre fin aux fonctions de Ould El Hocine», a estimé encore notre source du ministère.A ce propos, le concerné répond: «Je ne suis pas un ordonnateur, ni un décideur, le rôle du Conseil est de proposer non pas d'imposer», avant d'expliquer: «C'est au secrétariat général du ministère que revient le pouvoir de décision.» Par ailleurs, Mme Aït Ali Slimane Bouchra a été nommée, toujours par le ministre, présidente par intérim de la CNA, pour une période d'un mois, le temps d'organiser des élections. Le Conseil de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA) est composé, rappelle-t-on des représentants des ministères du Commerce, des Finances et de l'Agriculture. Ces derniers ont sollicité Benaïssa, afin d'intervenir sur un différend au sein du conseil que l'ex-président explique autrement: «Cela prouve qu'un débat contradictoire régnait au sein du conseil et il va dans l'intérêt du secteur de l'agriculture», a-t-il déclaré. S'agissant de l'existence d'un conflit personnel entre lui et Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Ould El Hocine a dénoncé les propos tenus par une certaine presse qu'il qualifie de «non professionnelle». Selon lui «ce sont des déclarations qui n'engagent que la responsabilité de ses rédacteurs», et d'enchaîner qu'«il n'existe aucun différend entre moi et le ministre». L'ex-président de la CNA conclut avec cette phrase pleine de sens: «J'étais au service du secteur de l'agriculture depuis 1991, aujourd'hui je n'en fais plus partie, mais l'essentiel c'est qu'un autre me remplacera et servira à son tour le secteur.»