Le 11 septembre a été pour beaucoup dans une reconfiguration, qui ne dit pas son nom, des rapports de force dans notre pays. Un ex-membre du Conseil national de sécurité américain, William B.Quant, s'étonnait: «Qui se serait imaginé, il y a quelques années à peine, que le commandant de la VIe flotte américaine pourrait, un jour, se rendre en visite officielle à Alger? Ou que le Président Bouteflika pourrait être reçu par George W.Bush, dans son bureau ovale, deux fois en quatre mois?» En Algérie, l'annonce que le Gspc, du national Hassan Hattab, est l'une des 19 organisations affiliées à une «Internationale socialiste patronnée par Oussama Ben Laden», a fait l'effet d'une bombe. La thèse du gouvernement algérien, développée depuis longtemps, s'agissant d'organisations de ce type, coïncidait à merveille avec les lignes de conduite nouvellement adoptées par la riposte américaine. L'Algérie a ainsi évité de se positionner sur le fatidique «axe du mal», décrété par Washington, en se rangeant du côté des alliés non stratégiques dans la «guerre totale» de Bush. On se souvient des fréquents échanges militaires entre l'Algérie et les Etats-Unis qui avaient précédé, de peu, l'élimination d'un haut personnage du tableau terroriste officiel en Algérie, le sanguinaire Antar Zouabri. L'Algérie niera avec célérité une quelconque implication des services de sécurité américains dans cette opération réussie et médiatisée. La lutte décrétée par la gouvernance algérienne contre les organisations islamistes armées a eu, de bénéfique et d'inquiétant à la fois, le fait que plusieurs membres de ces organisations ont été reconnus pour avoir évolué dans le giron d'Oussama Ben Laden avant de rentrer pour transposer le djihad islamiste en Algérie. Plus percutant, un communiqué attribué au Groupe sala e prédiction et de combat est venu confirmer la solidarité «organique» entre Hassan Hattab et Oussama Ben Laden, pareillement adepte du sunnisme salafiste. Dans le communiqué, le groupe de Hattab menace ouvertement de «frapper les intérêts américains et européens en Algérie.» Les informations relevant des liens financiers entre la mégastructure Al-Qaîda et l'organisation de Hassan Hattab n'ont jamais été formelles, même si Bouteflika ne s'embarrassait pas trop de ce détail en misant sur le caractère uni de la menace islamiste. «Le terrorisme est un et indivisible», avait-il martelé dans un élan oratoire familier. L'implication des groupes islamiques armés algériens dans l'entreprise Ben Laden s'est vu relancer après que des rafles à Londres, Paris et Bruxelles, eurent permis l'arrestation de dix personnes soupçonnées d'être les commanditaires de l'assassinat d'Ahmed Chah Massoud. L'opération qui a été exécutée, deux jours avant les crashs du 11 septembre, impliquait, selon les enquêteurs, des islamistes francophones. Parmi eux, deux complices algériens, l'un appartenant au Gspc, l'autre au GIA, aussi paradoxale que puisse paraître cette alliance. Les USA font confiance au gouvernement dans la désignation des cibles à abattre et le dispensent ainsi de toute ingérence.