Après Hors-la-loi, Tibhirine, le film Carlos est programmé au Festival de Cannes le 19 mai prochain. Les relations entre Alger et Paris risquent de connaître une nouvelle zone de turbulences les jours à venir et cela, à cause de la programmation de certains films qui touchent à l'image de l'Algérie. La semaine prochaine, un film qui, à la limite, fera grincer les dents, sera diffusé lors du prestigieux Festival de Cannes, la semaine prochaine. En effet, après la polémique lancée en France suite à la sélection du film de Rachid Bouchareb sous le pavillon algérien, après la programmation du film Des Hommes et des Dieux, qui relance la polémique sur l'affaire Tibhirine, voici qu'un film programmé à Cannes et sur Canal+, le 19 mai prochain, écorche l'image du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et de l'ancien ministre de l'Energie: Bélaïd Abdesslam. Ce film retrace le parcours du célèbre terroriste international «Carlos», une production franco-allemande réalisée par Olivier Assayas. Le film, qui sera diffusé en trois parties et une seule projection à Cannes, revient, dans la seconde partie, sur la plus impressionnante prise d'otages de toute l'histoire du terrorisme moderne, celle des 11 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne en décembre 1975. L'avion des otages a été détourné vers Alger, après que plusieurs pays, dont la Tunisie et la Libye, eurent refusé de l'accueillir. On découvre dans cette partie du film, l'humiliation subie par l'ex-ministre de l'Energie, Bélaïd Abdesslam (un rôle par ailleurs très bien joué par Mohamed Ourdache, qui vient de réussir le plus important rôle de sa carrière) et surtout les discussions entre le chef terroriste Carlos et le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier est montré en train de donner une malette d'argent à Carlos après la libération des otages. Or, la réalité est tout autre, puisque Bouteflika était chargé personnellement des négociations et cela dans le but de sauver des vies humaines. Cette thèse a été même donnée par un ancien compagnon de Carlos cité dans un documentaire sur Vergès, puisque le groupe de Carlos avait comme seul interlocuteur, le chef des services secrets algériens et le chef de la police d'Alger. Le réalisateur et scénariste de cette superproduction, Olivier Assayas, a-t-il déformé la réalité? D'autant plus qu'il a tourné cette scène à Beyrouth, sachant pertinemment que l'Algérie n'accepterait jamais cette scène où son ministre et son Président seraient mal filmés. Même le concerné, Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, interrogé dans le TV Mag du dimanche 26 avril, pense que «ce film sera une oeuvre de propagande et que les intentions du producteur Daniel Leconte sont mauvaises». Mais le mal est fait. Ce film est vendu pour 17 pays et suscitera sûrement la réprobation du gouvernement algérien, et même du concerné, Bélaïd Abdesslam, qui n'a pas été consulté sur cet épisode de son parcours. Ainsi, après Hors-la-loi de Rachid Bouchareb dont la polémique a atteint l'Elysée, puisque le président Sarkozy a demandé à voir le film avant sa présentation à Cannes, le 21 mai prochain, et après la campagne médiatique sur les moines de Tibhirine, qui a abouti à la production d'un film Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, l'Algérie est visiblement ciblée par le cinéma français et ses relais politiques. Les relations entre les deux pays sont déjà au point mort et ces films ne sont pas pour apaiser la situation. En d'autres circonstances, ces oeuvres cinématographiques auraient des circonstances atténuantes mais pas en ce moment du fait qu'elles risquent d'être exploitées à d'autres fins. Le sort réservé au film de Bouchareb et l'acharnement de l'extrême droite française, renseignent sur les intentions de certains milieux nostalgiques de l'Algérie française.