En mai, fais ce qu'il te plaît et profite des beaux films à Cannes. Comme chaque année, le programme du Festival de la Croisette vient d'être révélé. Deux films présentés en sélection française relatent l'histoire algérienne, dont un sur les moines de Tibhirine. Lyon, de notre correspondant L'Algérie sera disséquée, analysée, mise en débat et en perspective à Cannes (du 12 au 23 mai) cette année, grâce à deux films présentés en sélection officielle française. Il est loin le temps où les instances de la cinématographie algérienne présentaient à Cannes de belles réalisations, comme ce fut le cas notamment avec le magnifique Chroniques des années de braise de Lakhdar-Hamina (Palme d'or 1975). Ne gâchons pas pour autant notre plaisir de voir l'Algérie sur l'une des plus belles scènes mondiales du cinéma. Les deux films, au-delà des commentaires à venir, sont du reste très attendus. Le premier, Des hommes et des dieux, au titre pourtant provisoire au moment du tournage au Maroc à la fin de l'année dernière, relate pour la première fois l'enlèvement des moines trappistes dans leur monastère près de Médéa, en mars 1996 (lire El Watan, 7 décembre 2009). Y aurait-il une anguille politique sous la roche cinématographique ? Qu'est-ce qui se cache sur les écrans blancs des salles obscures, alors qu'en 2009 la remise en cause de la mort officielle des sept religieux, par un général français à la retraite, avait soulevé un tollé diplomatique entre la France et l'Algérie ? Les moines sont incarnés à l'écran, par Olivier Rabourdin (frère Christophe), Lambert Wilson (le prieur de Tibhirine), Christian de Chergé ou encore Michael Lonsdale (le doyen, frère Luc). monteront-ils les marches du Palais du festival en compagnie du réalisateur Xavier Beauvois, à qui l'on doit un précédent film sur la guerre d'Algérie, Le petit lieutenant. L'image du drame serait anéantie par ce court-circuit médiatico-people. Le deuxième film, sous la bannière française, est le dernier né de Rachid Bouchareb, dont on ne sait pas encore s'il concourra pour l'Algérie. Il nous offre enfin Hors-la-lois, histoire qui commence en 1945, lors des balbutiements du déclenchement de la guerre de Libération nationale, après les terribles répressions du 8 mai 1945, pour continuer dans les premières années de la lutte. Ce film, après la parenthèse de London river (sur les clandestins en Angleterre), se veut pour Bouchareb être une suite chronologique d'Indigènes. Djamel Debouze and co... medy Le film sortira sur les écrans en France en septembre prochain. Un acteur commun aux deux films présentés à Cannes est Roschdy Zem, que l'on peut voir actuellement sur les écrans français dans Tête de Turc, premier film de Pascal Elbé. Les deux autres films français présentés sont Tournée de Mathieu Amalric, et La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. Quant aux autres œuvres présentées à Cannes, elles représentent treize pays. On citera les cinéastes Alejandro Inarritu, Takeshi Kitano, Kiarostami, Mike Leigh, Nikita Mikhalkov ou encore Apichatpong Weerasethakul. Le jury sera présidé par Tim Burton qui triomphe actuellement sur les écrans avec Alice au pays des merveilles. Le doyen des cinéastes mondiaux, le Portugais Manuel de Oliveira, 102 ans, présentera son nouveau film, dans la section « Un certain regard ».