L'Irak connaît depuis les élections législatives de mars une «nouvelle vague» de violences et si cela continue, le pays va se diriger «vers la guerre civile», a estimé dans un entretien publié hier l'ancien Premier ministre irakien Iyad Allawi. Intervenant dans le débat irako-irakien, l'ancien responsable du renseignement saoudien, le prince Turki al-Fayçal, a accusé hier le Premier ministre irakien sortant, le chiite Nouri al-Maliki, d'avoir «usurpé» le résultat des élections législatives. Dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo, l'ancien Premier ministre irakien, Iyad Allawi a déclaré qu'«Après les élections, nous avons assisté au début d'une nouvelle vague de sectarisme très dangereuse et tout semble indiquer que nous nous dirigeons vers une escalade de la violence». «Nous n'en sommes qu'au début, mais si la violence continue, nous nous dirigeons vers la guerre civile», selon lui. «Et cette fois», les Etats-Unis «sont en train de s'en aller» et «nous n'aurons pas de forces internationales pour jouer les intermédiaires», a-t-il ajouté. «Je pense qu'il y aura plus de violence dans la rue, et beaucoup plus atroce qu'en 2006», a-t-il estimé. «Il faut former un gouvernement le plus rapidement possible parce qu'on ne peut pas permettre que cette situation se prolonge», a-t-il poursuivi, avant d'ajouter: «j'espère que nous pourrons former un gouvernement unitaire». La liste laïque d'Iyad Allawi est arrivée en tête des législatives du 7 mars avec 91 sièges, contre 89 pour celle du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki et 70 à l'Alliance nationale irakienne (ANI) qui regroupe deux formations chiites conservatrices et 43 à l'Alliance kurde. Aucune fraude n'a été constatée lors d'un nouveau décompte des bulletins de vote, réclamé notamment par Nouri al-Maliki. Les résultats des élections pourraient toutefois encore être modifiés. Neuf députés élus sont menacés de se voir retirer leur siège en raison de leurs liens présumés avec l'ancien parti Baas de Saddam Hussein. S'ils étaient invalidés, leurs voix seraient annulées et comme il s'agit d'un système proportionnel il faudrait donc redistribuer les sièges dans les provinces incriminées. Sept de ces neufs députés appartiennent au Bloc Irakien de Iyad Allawi. Par ailleurs, intervenant dans le débat irakien, l'ancien patron des renseignements saoudiens, le prince Turki al-Fayçal, a accusé hier le Premier ministre irakien sortant, le chiite Nouri al-Maliki, d'avoir «usurpé» le résultat des élections législatives du 7 mars, donnant gagnant son rival Iyad Allawi. «En plus de la profonde pagaille (en Irak), nous sommes en train d'assister à une action délibérée de la part du Premier ministre sortant, M.Maliki, pour usurper le résultat des élections et dénier au peuple irakien un gouvernement légitimement élu», a déclaré le prince, dans un discours devant des diplomates, des journalistes et des hommes d'affaires. «En conséquence nous avons plus de violences et une guerre civile potentielle», a ajouté l'ex-ambassadeur saoudien aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Le prince Turki est l'une des personnalités en vue en Arabie saoudite même s'il n'occupe pas de poste officiel. La liste de M.Allawi, un laïc soutenu par la communauté sunnite, a obtenu 91 sièges lors des législatives, contre 89 à celle de M.Maliki. Le Premier ministre sortant a toutefois trouvé un accord avec une liste chiite (70 sièges) pour former une coalition gouvernementale.