Les trois pays ont proposé l'envoi de 1200 kg d'uranium faiblement enrichi iranien en Turquie, où il serait stocké dans l'attente de la fourniture à l'Iran par les grandes puissances de 120 kg de combustible enrichi à 20%. L'Iran, menacé de sanctions internationales pour sa politique nucléaire controversée, a relancé la balle dans le camp des Occidentaux et de la Russie en leur faisant hier offre de sortie de crise avec la caution du Brésil et de la Turquie. Les trois pays ont proposé l'envoi de 1200 kg d'uranium faiblement enrichi iranien en Turquie, où il serait stocké dans l'attente de la fourniture à l'Iran par les grandes puissances de 120 kg de combustible enrichi à 20% nécessaire au réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Cette offre a été présentée comme un geste de l'Iran afin d'«entamer une dynamique constructive» pour régler la crise nucléaire iranienne, selon le document commun signé par les trois pays. «L'Iran, en acceptant la proposition turque et brésilienne, a montré sa bonne volonté. Désormais, la balle est dans le camp des Occidentaux», a immédiatement commenté le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi en sommant les Etats-Unis, la Russie et la France de «donner une réponse adéquate à l'offre de coopération de l'Iran». Le président Ahmadinejad a enfoncé le clou en «espérant» que les grandes puissances «accepteront de discuter» de la proposition iranienne. Celle-ci ne répond toutefois que partiellement à la proposition de l'Occident faite en octobre à l'Iran sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), rejetée par Téhéran et présentée depuis à plusieurs reprises par les Occidentaux comme «non négociable». L'Aiea demandait à l'Iran d'envoyer, en gage de bonne volonté, 1200 kilos d'uranium - 70% de ses stocks de l'époque - en Russie pour y être enrichi à 20% avant d'être transformé par la France en combustible pour le réacteur de Téhéran. Mais depuis l'Iran a accru de moitié son stock d'uranium faiblement enrichi, estimé par l'Aiea à plus de 2400 kg. Surtout, il a lancé en février la production d'uranium hautement enrichi (20%) au grand dam des Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de chercher, malgré ses démentis, à se doter de l'arme nucléaire. Les Etats-Unis ont souligné en avril que l'offre de l'Aiea, si elle devait être à nouveau discutée, «devrait être mise à jour» pour tenir compte des nouveaux stocks et des nouvelles capacités d'enrichissement de l'Iran. Une option manifestement exclue par Téhéran, qui a affirmé hier qu'il allait «continuer à enrichir de l'uranium à 20%» quoiqu'il arrive. «La proposition iranienne ne répond pas, techniquement, à l'objectif de la proposition de l'Aiea, qui était d'obtenir une pause du programme nucléaire iranien pour permettre des discussions de fond dans un climat de confiance», a estimé hier un diplomate occidental à Téhéran. Pour autant, a-t-il reconnu, «elle va être politiquement délicate à refuser par les Occidentaux car elle est co-signée par le Brésil et la Turquie, deux puissances émergentes influentes que l'Iran semble avoir parvenu à gagner à sa cause». L'initiative «risque en tout cas de retarder fortement, sinon d'empêcher, l'adoption de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU, où la Chine, principal partenaire économique de Téhéran, cherche des arguments et des alliés pour bloquer une résolution», a noté un autre diplomate.