Nombreux sont ses compagnons tombés au champ d'honneur dont des étudiants. «Ce bloc-notes, je le tenais durant mon parcours de combattant», annonce Mohamed Cherif Ould El Hocine, ancien officier de la Wilaya IV historique. Ces propos invitent les présents à voyager dans l'histoire de la Révolution algérienne. Les étudiants du centre universitaire de Khemis Miliana, dans la wilaya de Aïn Defla, s'apprêtent à vivre un moment historique. Ils partent à la découverte des hauts faits d'armes de leurs aînés. De 1956 à 2010, le temps a peint sa toile. Sur cette toile figurent des évènements marquants de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Ainsi, une date attire l'attention: le 19 Mai 1956, le jour où des étudiants et lycéens algériens ont observé une grève. Laquelle grève a été un coup dur pour le colonialisme français. Pas moins de 54 ans se sont écoulés depuis. Lundi dernier, les étudiants ont célébré le 54e anniversaire de cet évènement majeur. A Khemis Miliana, les festivités ont été organisées par la Ligue nationale des étudiants algériens (Lnea). A tout seigneur tout honneur! Mohamed Chérif Ould El Hocine et quelques-uns de ses anciens compagnons ont rehaussé de leur présence l'ouverture des festivités. L'ancien officier a eu droit aux égards qui siéent à son comportement durant la lutte armée. Les étudiants voyaient en lui l'histoire vivante de la Révolution algérienne. Et cette histoire se déclinera à travers ses propos. Invité à prendre la parole, il est ému à l'évocation de ses compagnons d'armes tombés au champ d'honneur. Devant ses yeux s'ouvre le livre des souvenirs d'une guerre de décolonisation sans merci. Nous sommes le 22 février 1957, au douar Sbaghina, dans la wilaya de Blida. Pas moins de 400 étudiants et lycéens attendent d'être envoyés en Tunisie et au Maroc. Les uns pour poursuivre leurs études, les autres pour ramener de l'armement aux maquisards qui en manquaient terriblement. L'attente est longue. Soudain, les événements prennent une tournure tragique. L'opération attire l'attention des hordes coloniales. En deux temps, trois mouvements, les parachutistes français encerclent les lieux. Ils sont appuyés par une quinzaine d'hélicoptères. A ce moment intervient Tayeb Slimane, dit Si Zoubir. Ce dernier ordonne aux étudiants de quitter les camps pour sauver leur vie. Pour couvrir leur évacuation, il entre en accrochage avec l'ennemi. La bataille dure des heures. Le combat est inégal. En conséquence, le bilant est lourd. Si Zoubir est tombé au champ d'honneur en compagnie de 27 étudiants. Parmi eux se trouvait une jeune fille. Les yeux de M.Ould El Hocine scrutent les traits d'un autre martyr. Il s'appelle Abdelhak Noufi, l'enfant du mont Chenoua. Le 28 février de la même année, son équipe tend une embuscade combinée avec la compagnie El Fida commandée par Si Yahia à Belala Aoudat Edamous, dans la daïra de Cherchell. L'armée française ne se doute de rien. Les maquisards tablent sur l'effet de surprise. Et cela leur réussit! Plusieurs militaires français ont été éliminés dans cette opération. En plus, les moudjahidine réussissent à récupérer une quantité importante d'armes et de munitions. Seulement, le jeune Abdelhak trouvera la mort. Le témoignage de Mohamed Chérif Ould El Hocine est de plus en plus poignant. Surtout lorsqu'il évoque Istiqlal. Istiqlala est le surnom donné au chahid Tayeb Ben Mira, originaire de Théniet El Hads. L'histoire de ce surnom est atypique. Suivons le récit de son compagnon...Un jour, Tayeb déclara à ses frères de lutte qu'il ne connaissait ni l'istiqlal, ni l'indépendance. «Je suis ici pour me battre et je tomberai en martyr», trancha le maquisard. Depuis, ses compagnons l'appelaient Istiqlal. Il incarnait à leurs yeux l'objectif de l'indépendance de l'Algérie. Nous sommes le 26 févier 1957, dans la région de Cherchell. C'est un jeudi. Les Algériens s'apprêtent à célébrer la Nuit du destin. «Je sens le parfum de l'Eden», confie Istiqlal à ses frères. Le lendemain, il tombe en martyr dans la fameuse bataille de M'hand Aklouche. La communion entre l'orateur et les présents est totale. Prévoyant, ce dernier a apporté une quantité importante de ses livres. Ainsi, les étudiants auront le privilège de lire Au coeur de la bataille, édité en arabe, en français et en tamazight. En outre, ils auront à leur disposition Eléments pour la mémoire et Afin que nul n'oublie. Ces deux publications portent un seul message: il est impératif que l'histoire de la Révolution soit écrite par ses vrais acteurs.