«Comme l'a si bien souhaité et recommandé Didouche Mourad avant de tomber au champ d'honneur: «Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires», a-t-il prophétisé. «Eléments pour la mémoire, afin que nul n'oublie», est le titre du nouvel ouvrage de combat de l'ex-officier de l'Armée de libération nationale (ALN), Mohamed Chérif Ould El Hocine. Publié par Casbah Editions, ce récit, peut servir d'élément réconfortant pour les générations futures. Aujourd'hui, le devoir de mémoire figure comme une des grandes évidences du discours sur le passé. A de multiples reprises, nous avons entendu cette injonction qui obligeait les communautés, les sociétés, les individus et les Etats à se pencher sur leur passé, pour commémorer certains événements essentiels. En effet, le devoir de mémoire est-il un véritable devoir moral, absolu, universel, nécessaire, ou plus modestement, un devoir social et politique, donc relatif et contingent? Mohamed Chérif Ould El Hocine, nous offre dans l'ouvrage, une clé exceptionnelle pouvant permettre un aperçu sur la vie des moudjahidine. Ce livre est à la fois un appel et une contribution, afin que nul n'oublie. L'ouvrage, riche de 254 pages, est hybride, couvrant la période allant de la création de l'Organisation spéciale, (OS) jusqu'au recouvrement de l'indépendance, en prenant le soin d'éviter de susciter toutes les polémiques. «C'est donc volontairement que j'ai arrêté les notices biographiques à l'année 1962 et, quand l'information était disponible, d'indiquer la date de décès des moudjahidine après l'indépendance», a-t-il souligné. «Pour la réalisation de ce modeste travail, j'ai utilisé en premier lieu, l'importante documentation réunie par mes soins depuis de nombreuses années. En second lieu, j'ai puisé dans diverses sources, faisant appel quelquefois à mes amis et compagnons de l'ALN, ainsi qu'à certaines institutions (musées...)», a-t-il ajouté. A travers ce livre, l'ancien officier de l'ALN a voulu également rendre un hommage à nos glorieux martyrs, car, selon lui, Il a jugé, plus judicieux d'élargir la perspective, en insérant les photos des hommes et des femmes, de toutes les wilayas, qui dans un élan commun, ont contribué à libérer notre pays. Aussi, afin de prévenir toute interprétation tendancieuse ou équivoque, «je voudrais présenter mes excuses à celles et ceux qui ne trouveront pas leur photo ou leur patronyme dans cet album. Cela ne diminue en rien leur sacrifice et leur notoriété», fait-il remarquer. Originaire de la Haute Kabylie, Mohamed Chérif Ould El Hocine, ancien officier de l'ALN, est né à Hadjout, en 1933. Après des études primaires, au terme desquelles, il obtient le certificat d'études primaires, il entre dans la vie active en prêtant main-forte à son père qui exploite un café. Ayant très tôt pris conscience de l'injustice de l'ordre colonial, il rejoint les rangs de l'ALN en 1956 dans la Wilaya IV historique. D'abord moussebel puis fidaï, il est intégré au sein du commando Si Zoubir (Zone II), au lendemain de l'attentat du 13 janvier 1957 dans la ville de Marengo. Il fait ensuite partie de la valeureuse Katiba El Hamdania (Zone II, région 3) qui inflige de cuisants revers à l'ennemi. Membre du conseil sectoriel de Cherchell (commissaire politique), responsable des renseignements et liaisons, il est nommé par la suite chef de secteur politico-militaire dans l'Ouarsenis (Zone III), puis membre du Conseil régional de Théniet El Had (Zone 3). En 1958, blessé au cours de la bataille, il est évacué vers le Maroc pour y subir des soins. Après la période de convalescence, il est envoyé en Hongrie (Budapest) pour y effectuer un stage professionnel (1960) à l'issue duquel il rejoint Tunis, siège du Gpra, en mai 1961. En septembre de la même année, il fait partie d'un groupe d'Algériens envoyé par l'Ugta à Genève pour y suivre un séminaire syndical organisé par la Cisi, après quoi, il crée l'Association des réfugiés algériens en Suisse. Invalide de guerre, cadre supérieur de la Nation, aujourd'hui à la retraite, Mohamed Chérif Ould El Hocine se consacre à son affaire industrielle et à la rédaction de témoignages sur la Révolution du 1er Novembre 1954. A travers ce livre, il a pu prendre la mesure de la soif de notre jeunesse, de connaître l'histoire de son pays. Ainsi,«accomplir un devoir de mémoire au profit de ces nouvelles générations afin que Nul n'oublie», car comme l'a si bien souhaité et recommandé Didouche Mourad avant de tomber au champ d'honneur: «Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires», a-t-il prophétisé.