Avant d'atterrir à Damas, où le chef de la diplomatie française sera reçu par le président Bachar Al-Assad, il fera étape à Istanbul pour participer à une conférence sur la reconstruction de la Somalie. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, va jouer aujourd'hui et demain à Damas et Beyrouth la carte des relations de la France avec le Liban et la Syrie, pour tenter de faire baisser la tension née du surarmement de la milice chiite Hezbollah. Le ministre français entend parler de la sécurité «régionale dans toutes ses dimensions» et renouveler la «disposition» de la France à y contribuer, selon son porte-parole Bernard Valero. Avant d'atterrir à Damas où il sera reçu par le président Bachar Al-Assad, le ministre français fera étape aujourd'hui à Istanbul pour participer à une conférence sur la reconstruction de la Somalie, et achèvera sa tournée lundi au Caire. Parallèlement aux pourparlers indirects entre Palestiniens et Israéliens sous l'égide américaine, la France cherche à jouer sa propre partition dans l'effort global, grâce aux relations privilégiées nouées depuis 2008 avec la Syrie. En contrepartie de son ouverture, qui a sorti Damas de son isolement international, Paris espère convaincre la Syrie d'apaiser les tensions régionales, en cessant de faciliter le réarmement du Hezbollah au Sud Liban. «La situation est dangereuse», avait dit début mai le ministre français, évoquant l'accumulation de missiles aux mains de la milice chiite à la frontière nord d'Israël, près de quatre ans après l'offensive israélienne de l'été 2006 contre le Hezbollah. Selon des sources diplomatiques françaises, plus de 20.000 missiles à courte et moyenne portée pourraient être aux mains du Hezbollah. Alors que l'Union européenne n'a toujours pas trouvé un consensus sur un accord d'association avec la Syrie, la France peut jouer un rôle d'avocat auprès des partenaires européens. Paris semble aussi le mieux placé pour influer sur Damas, que les Occidentaux aimeraient voir prendre ses distances avec l'Iran et réduire ses appuis au Hezbollah et au Hamas palestinien. L'administration Obama, engagée dans un laborieux rapprochement avec Damas, l'a mis fermement en garde, après les accusations israéliennes - non confirmées - de livraison de missiles à longue portée Scud au Hezbollah. En déplacement au Liban, le ministre français de la Défense Hervé Morin a cependant confié dimanche dernier ne disposer d'«aucune information particulière permettant d'accréditer l'idée qu'il y ait aujourd'hui dans le sud du Liban des Scud». «Les Français sont en contact avec les Etats-Unis qui doivent apprécier que nous puissions avoir une certaine influence dans la zone Syrie-Liban», a relevé l'ancien diplomate Yves Aubin de La Messuzière. Selon Denis Bauchard, de l'Ifri (Institut français des relations internationales), «le Hezbollah a au moins reconstitué l'arsenal qu'il avait en 2006» et «une initiative française pour calmer le jeu serait la bienvenue». «La France peut jouer un rôle, car elle a toujours été extrêmement vigilante» dans les crises libanaises, notamment en 2006, observe-t-il. En outre, note-t-il, la Turquie, un temps médiatrice entre Damas et Jérusalem, «veut marquer ses distances», en froid avec Israël. Selon Yves Aubin de La Messuzière, les Syriens «dans un jeu d'équilibre un peu compliqué, ont le souci de s'ouvrir à l'Europe et de renouer avec les Américains, mais ne lâcheront pas avant longtemps les cartes du Hezbollah et du Hamas». Mais «s'il y avait une volonté d'en découdre côté Hezbollah, les Syriens calmeraient plutôt le jeu», ajoute-t-il. A Istanbul, M.Kouchner pourrait évoquer avec son homologue Ahmet Davutoglu l'opposition turque à l'imposition de sanctions internationales contre Téhéran en raison de son programme nucléaire. Au Caire, M.Kouchner devrait aussi aborder l'avenir de l'Union pour la Méditerranée (UPM) dont le sommet prévu en juin, à Barcelone, a été reporté à novembre.