Les chefs de la diplomatie syrien et français ont eu une discussion «approfondie» sur la crise libanaise. Paris et Damas, en profond désaccord sur le dossier libanais, ont repris un dialogue qualifié de ´´franc´´ et ´´utile´´ hier à Koweït, en marge d'une conférence internationale sur l'Irak qui devait également se pencher sur la grave crise politique au Liban. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a rencontré en tête-à-tête son homologue syrien Walid Mouallem, une première depuis la décision française en décembre dernier de geler les contacts de haut niveau avec Damas. M.Kouchner s'est borné, à sa sortie, à dire qu'il avait ´´évoqué la situation au Liban´´, où le Parlement a, une nouvelle fois, échoué hier à élire un nouveau président en remplacement d'Emile Lahoud, qui a achevé son mandat en novembre dernier. Le ministère français des Affaires étrangères a, dans un communiqué, déclaré que cet entretien avait ´´permis à MM.Kouchner et Mouallem de faire utilement le point sur un certain nombre de questions régionales, en particulier la crise politique au Liban, et de questions intéressant la relation franco-syrienne´´. ´´Dans un esprit de franchise´´, selon le communiqué, les deux ministres ´´ont confronté les points de vue respectifs de la France et de la Syrie sur ces questions et la manière de les résoudre´´. Le président français Nicolas Sarkozy avait décidé, fin décembre, de suspendre les contacts de haut niveau avec la Syrie, tant que cette dernière ne démontrerait pas qu'elle était prête à laisser le Liban élire un président de consensus. M.Sarkozy avait pris cette décision après s'être entretenu personnellement au téléphone avec le président Bachar al-Assad et avoir dépêché deux fois à Damas le secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, sans résultat. M.Sarkozy avait toutefois laissé entendre, en janvier dernier, lors d'une visite en Arabie Saoudite, que cela ´´ne signifie pas que nous nous interdisions toute communication avec la Syrie´´. La dernière rencontre entre MM.Kouchner et Mouallem avait eu lieu en novembre dernier à Istanbul (Turquie), à l'occasion d'une autre réunion internationale sur l'Irak. M.Kouchner s'était particulièrement impliqué dans le dossier libanais l'an dernier, en se rendant à sept reprises dans ce pays pour tenter sans succès de dénouer la crise. Son entourage se montrait toutefois prudent sur la portée de la rencontre de Koweït et les résultats concrets à en attendre. ´´Avec les Syriens on a un vrai désaccord. On leur parle sans illusion, avec la distance nécessaire, avec une longue cuillère´´, selon un diplomate français. Une réunion ´´informelle´´ sur le Liban devait également se tenir hier en marge de la conférence sur l'Irak de Koweït, avec plusieurs pays occidentaux et arabes, mais pas la Syrie. L'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, la France, la Jordanie, l'Italie, le Liban, le Koweït, le Qatar, le Royaume-Uni, la Russie, le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et un représentant du secrétaire général des Nations unies y étaient attendus. L'objectif est d'appuyer les efforts de la Ligue arabe, qui a présenté en janvier un plan de règlement de la crise, et de réaffirmer l'intérêt de la communauté internationale pour le dossier libanais malgré l'enlisement de la situation, ont indiqué des diplomates. Le Liban est sans président depuis le départ d'Emile Lahoud au terme de son mandat fin novembre, en raison de la crise entre la majorité, soutenue par les Occidentaux et certains de leurs alliés arabes comme l'Arabie Saoudite, et l'opposition soutenue par Damas et Téhéran. Une 18e séance d'élection d'un chef de l'Etat par le Parlement prévue hier a été reportée sine die.