Les stigmates d'une furie inédite sont toujours intacts et le dispositif antiémeute maintenu. «L'enquête est prise en main par les éléments de la Gendarmerie nationale», a affirmé le chargé de communication près la Sûreté de la wilaya de Tlemcen, ajoutant que «toutes les informations liées à l'affaire de Bab El Assa sont au niveau de la gendarmerie tandis qu'un minimum de détails est détenu par la Douane.» Une bonne information qui semble mettre très à l'aise les membres de la famille du jeune Boulouiz Amine, quoique cette dernière attend toujours les résultats préliminaires de l'enquête «C'est une affaire impardonnable, je ne tairais pas la mort de mon fils», dit révolté Habib Boulouiz, père de la victime. Pour leur part, les habitants des localités de Bab El Assa et de Boukanoun ainsi que la famille de la victime sont décidés à crever l'abcès une fois pour toutes en révélant d'autres affaires étouffées dans l'oeuf. «Nous exigeons toute la vérité sur la mort du jeune Amine Boulouiz, tué dans des circonstances inexpliquées», exigent les habitants du petit hameau frontalier de Bab El Assa. Toujours en colère, les populations locales exigent que la lumière soit faite sur ce qu'ils qualifient d'«assassinats délibérés de plusieurs jeunes dans de sombres circonstances». Le cas de Mazar Mohamed est très édifiant. Son fils est mort le 27 juillet 2007, à plusieurs kilomètres de la bande frontalière. S'agit-il là d'une quelconque bavure? D'aucuns des responsables concernés n'ont pu apporter une réponse idoine, hormis leurs recommandations de laisser les enquêteurs mener à terme leur mission. Sur un autre plan, malgré le net retour au calme, les forces de l'ordre continuent à traquer, de plus belle, les manifestants. Aux derniers bilans, au moins une cinquantaine de personnes, poursuivies pour troubles à l'ordre public et destruction de biens publics, ont été interpellées. Cette vague d'arrestations n'est pas sans susciter la tension des populations locales. Quoique les deux hameaux aient, certes, vécu des moments d'émeutes, le calme précaire sévissant n'augure rien de bon. Au troisième jour de la grande protesta, hormis les quelques commerces ouverts, toutes les rues et cafés des deux patelins sont restés déserts, laissant place aux forces antiémeute. Les quelques badauds qui flânent, pressent le pas. Le déploiement du dispositif sécuritaire est dénoncé et les critiques sont à la fois acerbes et véhémentes. «Leur présence en force, un peu partout, est une provocation de plus, quoique le calme a gagné les deux localités ébranlées par les dernières manifestations», s'est indigné le Dr Berrichi, oncle de la victime ajoutant qu'«il y a une volonté de rallumer le brasier». La mobilisation des éléments des forces antiémeute autour des édifices publics dont le siège de la recette des impôts, le commissariat, le tribunal, les sièges de l'APC et de la daïra de Bab El Assa, donne aux localités un air sinistre. En effet, le dispositif antiémeute est toujours maintenu pour prévenir tout dérapage. Les villages de Bab El Assa et de Boukanoun gardent intacts les stigmates d'une furie populaire. En effet, plus de 300 véhicules stationnés à l'intérieur de deux parcs appartenant aux Douanes, ont été entièrement calcinés.