D'aucuns prétendent à un «canard à l'orange», mais à 200 DA le kilo pour un fruit bien de chez nous, c'est trop! Que dire de nos mercuriales si ce n'est de la redite? Chaque année, chaque saison, en attendant le coup de masse qui nous attend à la veille du Ramadhan et pendant tout le mois sacré, la presse s'empare, à juste titre, (sans jeu de mots) de la tendance haussière des prix des fruits et légumes. Un petit tour au quartier populaire de Ben Omar (Kouba), nous renseigne sur cette récurrente question de la somme, même au demeurant modeste, que doit débourser quotidiennement la ménagère pour remplir son couffin et garnir sa «meïda». Pourtant, l'arrivée de la saison chaude devait permettre, normalement, une baisse des prix, se lamente un chaland d'un certain âge, approuvé par le hochement de tête significatif d'un citoyen de la même génération qui regrette le temps où la spéculation était sévèrement prohibée et les prix contrôlés. Au fait, que font les chefs de marché devant les hausses intempestives de certaines denrées? Jugez-en! Un kilo de tomates cédé au marché municipal de Hussein Dey à 60 DA/kg, la pomme de terre à 35 DA, les aubergines à 60 DA, la laitue à 50 DA, le poivron à 70...le plat à servir reviendrait bien plus cher si l'on s'amusait à lui additionner, (c'est de l'utopie), un «tout p'tit bout» de viande, un lambeau de poulet, de dinde ou, au risque de se brûler, une produit de la mer, même une sardine...Mais que font donc, sommes-nous contraints de nous interroger, les services de protection du consommateur ou encore la police face aux marchands ambulants qui raflent et détournent la clientèle des étals des marchés gérés avec force d'impôts, de contrôle d'hygiène et même, (parfois seulement, il faut le dire), de contrôle des prix? «Miss tomate» et sa «Majesté cerise», ces deux beaux produits trônent sur le tableau d'affichage des prix. Le premier, qui est récolté en abondance en cette période, devient (presque) inaccessible pour les bas salaires. Il fait même rougir de colère. Ainsi, la classe moyenne est contrainte de se rabattre sur la tomate de moindre qualité dont il faut jeter une bonne partie, car trop mûre ou pourrie. Du côté des fruits, la cerise est cédée à 1000 DA le kg, toisant même l'avocat (d'importation) qui vaut 600 DA/kg. Le prix des abricots varie entre 100 et 150 DA le kg selon la qualité de la variété. Les pêches ne sont cédées qu'à partir de 250 DA/kg. La pomme d'importation «Golden» ou «Delicious» est proposée à 180 DA/kg, moins cher que l'orange qui nargue la bourse du citoyen lambda avec ses 200 DA/kg. C'est bien beau de dire avec éloquence que plus d'un millier d'agrumiculteurs exercent dans la wilaya de Tipasa, que des fêtes des agrumes sont organisées partout dans les plaines du Tell, que l'Algérie est autorisée, en vertu de l'Accord d'association avec l'UE, à exporter jusqu'à 123 produits agricoles vers les pays européens, dont des dattes de Tolga, des petits pois frais, des fèves, des poivrons, des piments et de la pomme de terre...mais qu'en est-il de l'autosuffisance alimentaire et la protection du consommateur algérien? Pour expliquer quelque peu cette hausse des prix des fruits et légumes, chacun y va de son argumentation. Mais force est de constater que la loi universelle de l'offre et de la demande, n'est plus de mise chez nous. En résumé, c'est l'embrasement dans tous les marchés de la capitale et de sa banlieue.