Outre les menaces de blocage d'Israël, la flottille avait hier encore du mal à faire accéder à bord les députés européens toujours réunis à Chypre. Une responsable de la flottille internationale chargée d'aide pour Ghaza, actuellement au large de Chypre, a affirmé hier qu'elle était déterminée à partir pour l'enclave palestinienne, sous blocus israélien, malgré plusieurs reports et les avertissements de l'Etat hébreu. Alors que les organisateurs devaient décider du moment du départ en début d'après-midi d'hier, un responsable israélien a indiqué que la marine israélienne empêcherait, de force si nécessaire, la flottille au cas où elle tenterait de s'approcher des côtes du territoire palestinien. «Une décision finale devrait être prise (en début d'après-midi hier) à propos du départ de la flottille, vu que certaines personnes tentent de négocier leur embarquement à bord du bateau turc», a déclaré Audrey Bomse, une responsable du mouvement Free Ghaza, à l'initiative de cette traversée, qui avait fait état dans un premier temps d'un départ à midi (09h00 GMT). Mme Bomse avait précisé, auparavant, qu'un navire turc faisant partie de la flottille négociait avec les autorités du nord de Chypre, non reconnue internationalement, pour permettre à des députés européens d'embarquer à son bord au port de Famagouste (nord). Ces derniers, selon un militant à bord d'un des navires, Thomas Sommer-Houdeville, avaient été empêchés par les autorités chypriotes d'embarquer du sud de l'île. Les organisateurs de cette traversée estiment que les autorités chypriotes ont cédé aux pressions israéliennes, ce qu'a catégoriquement démenti Nicosie. Le départ de la flottille, initialement prévu vendredi, avait été reporté à hier, les organisateurs invoquant notamment des menaces israéliennes de capturer un navire turc et des «difficultés techniques» sur l'un des navires. Selon Mme Bomse, la flottille est désormais composée de cinq navires, deux petits bateaux ayant eu des problèmes techniques. Côté israélien, le gouvernement a lancé un nouvel avertissement aux militants. «Nous tenterons de les empêcher de s'approcher des côtes de la bande de Ghaza de manière pacifique, mais s'ils cherchent à passer en force nous les bloquerons», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ygal Palmor. L'Etat hébreu prévoit, si les bateaux refusent de rebrousser chemin, de les arraisonner et les diriger vers le port israélien d'Ashdod, au sud de Tel-Aviv, avant d'interpeller les militants et de les renvoyer dans leur pays. L'organisation Free Ghaza, à l'initiative de cette traversée, a de son côté qualifié d'«ignoble» le fait qu'Israël l'accuse de violer la loi internationale, alors qu'ils ont des «bateaux non armés transportant de l'aide humanitaire à des gens qui (en) ont désespérément besoin». A Ghaza, le Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a qualifié les passagers de la flottille de «héros» lors d'une inspection du port, qui se préparait à l'arrivée des bateaux. «Nous sommes à un moment historique, de rupture, qui nous sépare de la fin du blocus de Ghaza», a-t-il dit. La flottille «envoie un message fort, que le blocus imposé à la bande de Ghaza (...) sera brisé», a-t-il affirmé. L'ONU, l'UE et la France ont rappelé récemment qu'ils étaient opposés au blocus, maintenu autour de Ghaza par Israël depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas, en juin 2007.