L'entreprise égyptienne affirme ne pas avoir été saisie par les responsables algériens du gel du projet de construction d'un complexe sidérurgique à Jijel. La crise entre les deux pays, qui a pris naissance après le fameux match de qualification pour le Mondial sud-africain qui débutera dans une dizaine de jours, sera-t-elle relancée par ce qui ressemble fort à une nouvelle affaire entre Alger et Le Caire? La coopération économique entre les deux pays, depuis le caillassage du bus qui transportait les footballeurs algériens, (qui s'est soldé par plusieurs blessés), donne la très forte impression qu'elle est sérieusement malmenée. L'annonce du gel de la construction du complexe sidérurgique à Jijel, par Hamid Temmar, devait confirmer cette tendance. «Nous avions entamé les discussions avec El Izz mais les événements entre l'Algérie et l'Egypte, suite au match de football, et la crise économique internationale ont conduit au gel total du projet», avait indiqué l'ancien ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements lors d'une séance, jeudi, à l'Assemblée nationale. La réponse est tombée dimanche sous la forme d'un document adressé par l'investisseur égyptien à la Bourse du Caire. «Aucune notification formelle des autorités algériennes concernant son projet d'investissement de 750 millions de dollars», ne lui est officiellement parvenu, indique le texte d' El Izz Steel répercuté par le quotidien électronique TSA. Si les déclarations des investisseurs égyptiens se confirment, Abdelhamid Temmar aura laissé à son successeur le soin d'annoncer une nouvelle contre-performance à mettre à l'actif de l'économie nationale, étouffée et dominée par ses exportations en hydrocarbures et qui souffre d'un manque évident d'investissements étrangers, fussent-ils égyptiens. Sous d'autres cieux, les affaires sont les affaires! Ce n'est toutefois pas le premier cafouillage auquel on a assisté ces derniers jours et qui aura la particularité de toucher aux investissements égyptiens en Algérie. La question du rachat de Djezzy par l'Etat algérien a donné lieu à une passe d'armes qui révèle un manque de cohésion évident en matière de communication entre certains membres du gouvernement. «Les négociations durent, mais je crois que la situation du holding est telle qu'ils vont accélérer le processus de vente et j'insiste à dire que ce sont eux qui ont décidé de vendre», avait confié, sûr de ses propos, l'ex ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la télécommunication, Hamid Bessalah, qui avait fait allusion à des discussions avancées entre le gouvernement et les propriétaires de l'entreprise de téléphonie mobile égyptienne. Interrogé à ce sujet, le grand argentier du pays a répondu: «A ce jour, nous n'avons pas d'information en ce sens, il n'y a pas de volonté affichée pour la cession de Djezzy à l'Etat algérien.» Karim Djoudi s'est, par ailleurs, montré plutôt évasif quant à une offre éventuelle de rachat du groupe égyptien par l'Algérie: «Le principe est qu'à partir du moment où l'on entre en discussions, chaque partie aura à prendre un conseiller pour pouvoir évaluer la valeur nominale de la société. A partir de ce moment-là, il y aura des débats pour définir la bonne valeur qui fera l'objet de la transaction, et la production des documents qui vont contractualiser la relation entre les deux parties», a expliqué le ministre des Finances. Mystère et boule de gomme. On n'en saura pas plus. Et à défaut d'une communication efficace, on laissera courir la rumeur. Il en est de même pour la stratégie industrielle qui a tenu le haut du pavé. «Nous avons présenté au gouvernement un projet sur la stratégie industrielle, dont le cadre a été approuvé. Nous allons nous rencontrer chaque semaine pour approfondir le dialogue sur le sujet point par point», avait annoncé vers la fin de l'année 2006, Abdelhamid Temmar. «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal. Elle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions. Elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres», lui avait rétorqué en guise de réponse le 11 mars 2009 sur les ondes de la Radio nationale, le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Après la défection du groupe Emaar qui devait investir 5 milliards de dollars, celle toute récente du saoudien Sidar, c'est probablement au tour de l'égyptien El Izz Steel dont le projet devait se solder par la création de 1700 emplois à El Milia (sud-est de Jijel) de plier bagage sur fond de crise diplomatique provoquée par un match de qualification pour la Coupe du monde de football. Le sport et les affaires ne semblent vraisemblablement pas faire bon ménage au pays des Pharaons, qui n'ont visiblement pas encore digéré leur élimination. C'est en tous les cas ce qui ressort des déclarations de Hamid Temmar.