L'équipe Ouyahia est appelée à mener la bataille sur plusieurs fronts. En pleine période estivale. L'été s'annonce chaud pour le gouvernement. Alors que les vacances sont pour bientôt, la nouvelle équipe ne connaîtra pas de repos. Elle doit se préparer à donner un nouveau souffle à son activité. La conjoncture économique et sociale promet beaucoup de travail. Des dossiers complexes et des chantiers faramineux sont en attente pour démarrer. Sur le plan social, tous les signaux sont au rouge. Le pouvoir d'achat, le mois sacré du Ramadhan, la rentrée scolaire sont des sources de crise qui risquent de provoquer une explosion sociale. Le gouvernement aura, donc, une tâche difficile à accomplir. Il doit se mobiliser au complet pour garantir la paix sociale durant les mois à venir. «Nous sommes complètement interpellés pour prendre les choses en main», affirme un membre du staff gouvernemental. Et d'ajouter: «Nous avons des questions d'urgence à régler en prévision du Ramadhan et des dossiers à examiner.» Reconduit pour une nouvelle mission, notre interlocuteur reconnaît l'étendue du défi à relever. Les prix, bête noire du gouvernement, seront l'une des priorités surtout avec le mois de Ramadhan. Après l'échec cuisant de la stratégie adoptée en 2009 par l'ex-ministre, El Hachemi Djaâboub, visant à lutter contre la spéculation et la hausse des prix, le gouvernement au complet se mobilise. Afin de réguler le marché, il compte recourir à l'importation. Pas moins de 5000 tonnes de viande congelée seront importées pour le mois de Ramadhan. Ce n'est pas tout. Le gouvernement se montre généreux en mettant la main à la poche. Il promet zéro pénurie durant ce mois sacré. En plus de la viande congelée, il compte importer 10.000 tonnes de viande rouge fraîche, 4000 tonnes de viande blanche, 30.000 tonnes de poudre de lait et 1000 tonnes de citron, de quoi assurer la chorba durant 30 jours. Toujours en prévision de ce mois sacré, le gouvernement multiplie ses formules de prise en charge. A la place des couffins de Ramadhan, il propose directement des chèques aux familles démunies. Voulant être dans les délais, l'équipe Ouyahia n'attendra pas la veille du Ramadhan pour lancer cette opération. Celle-ci s'attellera à préparer, en parallèle, et dès à présent la rentrée scolaire. Conscient du fait que la succession des événements pourrait être une source de malaise, le gouvernement veut éviter le pire. «La préparation de la rentrée scolaire se fait bien avant les délais pour débloquer les budgets et acquérir les trousseaux scolaires», a expliqué une source proche de l'Exécutif. Sachant que l'été est source de beaucoup de maux, le nouveau gouvernement sera forcé de veiller au moindre détail. Les coupures d'électricité et d'eau, les intoxications, les noyades et les incendies sont autant de phénomènes qui compliquent le quotidien des citoyens en pleines vacances. S'ajoute à cela l'aspect sécuritaire qui nécessite plus de mobilisation. Outre l'aspect social, l'équipe Ouyahia est appelée à mener la bataille sur d'autres fronts. La corruption et la gestion des 286 milliards de dollars, deux grands chantiers à gérer avec prudence. Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l'Etat n'a pas mâché ses mots pour mettre en garde le gouvernement contre tout gaspillage des deniers publics. «Nous accompagnerons aussi cette importante dépense publique de développement avec la rigueur nécessaire, pour bannir tout excès et surtout tout gaspillage dans le fonctionnement de l'Etat et des collectivités locales», a-t-il insisté en s'adressant à l'équipe Ouyahia. Désormais, aucune rallonge budgétaire ne sera autorisée. Le gouvernement doit garder l'oeil ouvert sur les 286 milliards de dollars. Après les scandales de corruption, M.Ouyahia et son staff n'auront plus le droit à l'erreur. Bien au contraire, ils doivent faire preuve de rigueur et de détermination. D'ailleurs, les ministres seront sommés de présenter des comptes chaque année. «Chaque secteur rendra compte annuellement de l'exécution diligente de son propre programme et nous procéderons annuellement à l'appréciation de la situation financière du pays pour, le cas échéant, tenir compte de nos moyens financiers, car nous excluons par avance tout recours à l'endettement extérieur», a-t-il exigé de ses ministres. Par ailleurs, le gouvernement est sommé de résorber les retards accusés dans les différents chantiers. Le métro d'Alger, le tramway, l'autoroute Est-Ouest et les logements sont les grands chantiers qui souffrent de torpeur. Avec le budget de 136 milliards de dollars consacré à ces projets, le gouvernement n'aura aucun justificatif pour ne pas livrer les projets en temps réel. De telles tâches risquent même de compromettre les congés de l'Exécutif.
