Le président Ahmadinejad et le Guide de la République islamique, Ali Khamenei, ont attaqué, dans des termes quasiment identiques, l'opposition réformatrice accusée d'avoir «dévié de la ligne de l'imam». Le pouvoir en Iran a profité de la commémoration, hier, de la mort de l'imam Khomeiny pour se livrer à une démonstration de force face à l'opposition réformatrice, à quelques jours du premier anniversaire de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Le président Ahmadinejad et le Guide de la République islamique, Ali Khamenei, ont attaqué, dans des termes quasiment identiques, l'opposition réformatrice accusée d'avoir «dévié de la ligne de l'imam», lors d'allocutions devant une foule immense rassemblée au mausolée de Khomeiny, au sud de Téhéran. Le président iranien s'en est pris, sans les nommer, aux dirigeants réformateurs qui ont refusé de reconnaître sa réélection en juin 2009, jugeant le scrutin entaché de fraudes massives. «Le gouvernement iranien est le gouvernement le plus démocratique du monde», et le scrutin de 2009 «était une élection 100% libre», a-t-il affirmé. «Ceux qui ternissent la réputation de la République islamique ne peuvent pas se réclamer de l'imam» Khomeiny, a-t-il ajouté. Il a accusé les dirigeants de l'opposition de s'être «mis aux côtés des monarchistes, des monafeghine (hypocrites, terme utilisé pour le mouvement opposant des Moudjahidine du peuple) et l'arrogance globale (les Occidentaux), qui étaient les pires ennemis de l'imam» Khomeiny. «Il n'est pas acceptable qu'une personne se réclame de la ligne de l'imam alors qu'elle est soutenue par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la CIA, le Mossad, les monarchistes et les hypocrites», a renchéri Ali Khamenei, acclamé par la foule «Quiconque, à n'importe quel niveau, s'écarte de la ligne de l'imam sera balayé par le peuple», a averti M.Ahmadinejad. «Ce qui compte c'est la position actuelle des gens» et non ce qu'ils ont fait par le passé, a souligné M.Khamenei, dans une allusion au rôle historique des principales figures de l'opposition actuelle: l'ancien Premier ministre, Mir Hossein, Moussavi, l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi ou l'ancien président de la république Mohammed Khatami. «Certains de ceux qui ont accompagné l'imam dans l'avion qui l'a ramené de Paris à Téhéran ont ensuite été pendus pour avoir trahi», a rappelé le Guide en guise d'avertissement. Pour donner du poids à sa démonstration, le pouvoir avait mobilisé des centaines de milliers de ses partisans -plus de deux millions de personnes, acheminées par près de 50.000 bus, selon les autorités - autour du mausolée de l'imam Khomeiny, empêchant toute voix dissidente de s'exprimer. La foule, à l'intérieur du mausolée, a ainsi chahuté le petit-fils de l'imam Khomeiny, jugé trop proche de l'opposition, qui a dû interrompre son discours après quelques minutes sous un orage de slogans hostiles, selon les images retransmises par le télévision d'Etat. Jeudi soir, c'est M.Karoubi qui s'était vu refuser l'accès au mausolée du fondateur de la République islamique par les partisans du pouvoir, qui l'ont obligé à quitter les lieux sous la protection de ses gardes du corps. M.Karoubi avait renouvelé auparavant ses critiques contre le gouvernement, accusé de chercher à confisquer l'héritage de l'ayatollah Khomeiny, d'avoir «affaibli la République» et de menacer le caractère islamique du régime. M.Karoubi et M.Moussavi ainsi que huit partis ou organisations de l'opposition réformatrice ont demandé officiellement à pouvoir manifester le 12 juin, à l'occasion du premier anniversaire de la réélection de M.Ahmadinejad. Les autorités n'ont pas encore répondu. La réélection de M.Ahmadinejad a provoqué une vague de manifestations qui ont entraîné des dizaines de morts et des milliers d'arrestations, plongeant l'Iran dans l'une des crises politiques les plus graves depuis la révolution islamique de 1979.