La position algérienne, en faveur de la tenue d'un référendum qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son avenir, fait grincer des dents le Maroc. Le pouvoir marocain en plus de ne pas supporter le soutien d'Alger à la cause sahraouie, se lance dans des déclarations d'une inconséquence qui en dit long sur sa fébrilité dès qu'il est question de la décolonisation du Sahara occidental. Un territoire qu'il occupe de fait et par la force depuis 1975 après le départ précipité des Espagnols. La diplomatie marocaine outre de perdre son sang-froid, a-t-elle aussi perdu les pédales? Jugeons-en. «La position psycho-statique de l'Algérie à l'égard du principe de l'autodétermination ne peut en aucun cas servir d'alibi pour camoufler les graves violations quotidiennes des droits de l'homme des populations marocaines séquestrées dans les camps de Tindouf», a déclaré le 8 juin 2010 l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Organisation des Nations unies à Genève. Quel lien y a-t-il entre la position algérienne et les violations des droits de l'homme dans les camps de réfugiés de Tindouf, qui n'existent que dans le subconscient des responsables marocains? La question est posée. Le diplomate sahraoui expert en diversion l'explique à sa manière. Intervenant lors de la 14e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH), il n'a eu de cesse de rappeler que l'attachement d'Alger au principe de l'autodétermination, ne doit pas servir de prétexte pour menacer l'unité, la stabilité et l'intégrité territoriales du Maroc, de l'aveu même de l'agence de presse officielle marocaine MAP qui l'a rapporté dans une de ses dépêches datée du 8 juin 2010. Il est pourtant de notoriété publique que la principale pomme de discorde qui oppose le Front Polisario au Maroc réside dans le dossier des droits de l'homme qui sont violés constamment par les forces d'occupation marocaines. Des militants sahraouis des droits de l'homme croupissent dans les geôles du Royaume pour avoir uniquement manifesté pour leur indépendance. D'autres pour s'être rendus dans les camps de réfugiés. Six militants des droits de l'homme ont été jetés en prison après leur retour, le 13 octobre 2009, d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ces dépassements ainsi que la répression exercée par les forces d'occupation marocaines ne sont pas une vue de l'esprit. Une quarantaine de prisonniers politiques croupissent dans les geôles marocaines et leur état de santé se détériore de jour en jour. «Je tiens à vous remercier de votre lettre datée du 10 avril 2010, concernant la situation des droits humains au Sahara occidental. Je suis également préoccupée par la situation actuelle dans le territoire», a répondu dans une lettre adressée au président sahraoui la haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navy Pillay. Mohamed Abdelaziz avait saisi l'Organisation des Nations unies suite à l'agression dont ont été victimes douze militants sahraouis des droits de l'homme à l'aéroport de Laâyoune. L'Algérie, qui a un long passé de pays qui a souffert, 132 ans durant, des affres de la colonisation (tortures, brimades, expropriation...) ne peut ne pas comprendre ce qu'endure le peuple sahraoui. Et c'est donc tout à fait naturellement qu'elle le soutient dans sa quête d'indépendance dans le respect de la légalité internationale. Ce qui a pour vertu d'agacer au plus haut point le représentant permanent du Royaume alaouite auprès de l'Organisation des Nations unies à Genève qui a une tout autre approche de l'autodétermination. «L'autonomie constitue en droit international contemporain la forme la plus moderne et la plus démocratique de l'autodétermination, sa mise en oeuvre a permis de résoudre plusieurs différends dans le monde, ouvrant la voie au développement de diverses expériences et modèles de partage des pouvoirs», explique Omar Hilale. Tout cela pour dire que pour le Maroc, il n'y a que son projet d'autonomie qui tienne. Toutes les autres options ne sont que des lectures «opportunistes visant à instrumentaliser les droits de l'Homme, pour favoriser un climat de tension, d'adversité et de méfiance régionale», poursuit-il. Pour terminer par une violente diatribe visant l'Algérie qui défend la cause du peuple sahraoui: «Avocat intéressé du principe de l'autodétermination, le revendiquant (tension, adversité, méfiance régionale Ndlr) non seulement au nom d'acceptions fondamentalistes dépassées, mais le fait à partir de positions totalement contradictoires et intenables, en le soutenant financièrement, diplomatiquement et militairement, non pour les populations du Sahara marocain, mais contre le Maroc». Des attaques dans un discours bien huilé. Elles se répètent à chaque fois que Rabat délègue des avocats (Kouchner, El Gueddafi...) pour plaider la réouverture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc. Elles provoquent des réactions violentes et incohérentes lorsque ces derniers font chou blanc.