Mohammed VI n'a visiblement pas encore digéré la non-participation de son pays au Sommet d'Alger consacré à la sécurité dans la région sahélo-sahélienne. «Que l'Algérie ait pris soin d'empêcher le Maroc de participer à la réunion consacrée à la région sahélo-sahélienne, en dit long sur l'esprit de responsabilité des dirigeants algériens», a déclaré à la presse, le ministre marocain de la Communication à l'issue d'un Conseil de gouvernement. Le Royaume marocain ne digère pas son éviction de la rencontre d'Alger qui a réuni sept pays (Lybie, Mauritanie, Niger, Mali, Tchad, Burkina Faso et Algérie) dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Rabat, qui s'en était lavé les mains auparavant, s'est soudainement senti concerné par cette question. Il en a fait même son cheval de bataille pour justifier l'échec des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Un échec sur lequel le gouvernement marocain porte l'entière responsabilité en s'opposant à la tenue d'un référendum d'autodétermination qui permettrait, en vertu des résolutions (1754, 1783, 1813, 1871) adoptées par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son indépendance. Les autorités marocaines, sans aucun doute à bout d'arguments, se sont ainsi justifiées aux yeux de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies qui est en tournée dans la région. Christopher Ross a été reçu jeudi par l'héritier du trône alaouite à Tétouan dans le nord du Maroc. L'émissaire de Ban Ki moon n'a pas fait de déclaration publique. Le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement s'est, par contre, chargé d'en tirer quelques conclusions pour le moins hallucinantes. «Nous attendons que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, M.Christopher Ross, le secrétaire général lui-même et le Conseil de sécurité soient encore plus convaincus que par le passé, que le Royaume du Maroc reste un pays résolument désireux de tourner la page du blocage dans lequel la diplomatie algérienne nous a posé pour pouvoir aller de l'avant.» Christopher Ross, qui est chargé de renouer les fils du dialogue interrompus et bien ténus entre les deux belligérants, le Maroc et le Front Polisario, est édifié. La partie sera difficile, ardue. Si elle n'est pas déjà perdue d'avance avec des arguments aussi fallacieux qui témoignent de la constante mauvaise foi affichée par les négociateurs marocains à chaque fois qu'il est question de la tenue d'un référendum d'autodétermination. «Si cela dépendait du Maroc, je peux vous assurer que l'affaire serait résolue», a ajouté sans broncher le porte-parole du gouvernement marocain. Chiche! Serait-on tenté de lui rétorquer. La réponse est à la mesure de l'animosité que porte le gouvernement marocain à la position constante de l'Algérie sur le dossier du Sahara occidental: la tenue d'un référendum libre qui laisserait le peuple sahraoui décider librement de son avenir. «Le comportement de la diplomatie algérienne est d'une stérilité historique et inégalée», a lancé sans sourciller Khalid Naciri. A travers de telles déclarations, le ministre marocain de la Communication ne pourra convaincre, certainement, que son cercle le plus proche. Les courtisanes et les courtisans. Et tous ceux qui cultivent la culture de la soumission. «Cela nous conforte dans notre conviction et nous amène effectivement à considérer que les grandes puissances, au premier rang desquelles les USA, ont la lourde responsabilité de rappeler à l'ordre tous ceux qui considèrent que la politique avec les petits calculs et les petites stratégies peuvent construire une véritable politique» a-t-il ajouté. Le porte-parole du gouvernement marocain semble avoir attribué d'office le rôle de gendarme aux Etats-Unis, dans la région. Reste à la diplomatie américaine, qui s'en est toutefois officiellement défendu, de le démentir à nouveau. Quant à l'Algérie, elle est prête à toutes les éventualités sauf à celle de courber l'échine.