De nombreuses candidates ont été surprises avec des écouteurs dissimulés sous leur voile. L'Algérie aura-t-elle son affaire de la burqa? Comme en France et un peu partout ailleurs, dans les pays occidentaux. La comparaison ne revêt cependant aucun critère idéologique et religieux comme c'est le cas dans ces Etats. Le constat s'arrêtera au niveau des préjudices portés à la société. Symboliquement, il est énorme. Vu le type de problème que peut poser le port du voile pendant les épreuves du baccalauréat, la question mérite en tout cas d'être débattue. Il faudrait peut-être pour cela que les élus du Palais Zighoud-Youcef s'arment de courage et osent porter le débat sur la place publique. Un député, en plus de faire voter son salaire (300.000 DA), sert avant tout à essayer de réguler les affaires de la cité. Ils sont en principe les meilleurs avocats des préoccupations citoyennes pour lesquelles ils ont été élus. La balle est, encore une fois, dans leur camp. Le port du voile intégral, le hidjab ou le niqab, dans les pays musulmans en général, et en Algérie en particulier, est adopté par pure conviction et ferveur religieuse. Cela induit un comportement exemplaire de la part de celles qui y ont souscrit. Leur moralité doit être irréprochable. Elles ne doivent ni mentir ni tricher... A travers les fraudes constatées lors des épreuves du baccalauréat de ce mois de juin, force est de constater que ces vertus ont été transgressées. Il faut préciser toutefois, que ces vertus ne constituent guère le monopole des croyants pratiquants. Elles sont avant tout l'apanage des gens honnêtes et civilisés, respectueux des lois en vigueur de la République. Ces candidates ont-elles vendu leur âme au diable pour se procurer ce sésame qui ouvre les portes de l'université et des grandes écoles? «Peu importe les moyens utilisés, l'essentiel c'est d'y parvenir», semblent-elles dire. Si l'on en croit le reportage réalisé par un quotidien national arabophone avant même le début des examens, ces fraudeuses en hidjab avaient déjà préparé leur coup. «Je porterai le hidjab ou le djilbab», aurait affirmé une jeune fille qui s'habille d'habitude à «l'occidentale», à la journaliste d'En Nahar qui l'interrogeait. Certaines candidates ne portant ni hidjab ni djellaba, nous ont confié qu'elles étaient prêtes à porter ce genre d'habit rien que pour pouvoir copier au baccalauréat sans être inquiétées. «C'est pratique pour cacher le bluetooth sous le voile», poursuit notre consoeur. «La technique qui connaîtra le plus de succès sera sans aucun doute l'usage de téléphones mobiles dotés de services multimédia afin de pouvoir utiliser le bluetooth pour copier. Cette technique est surtout utilisée par les jeunes filles qui portent le voile. Ces dernières ont battu le record du copiage l'an dernier», précise-t-elle, visiblement mise au parfum. L'enquête a été publiée le 26 mai 2010. Soit une dizaine de jours avant le début des épreuves. Le coup était prémédité. Les tricheuses s'y étaient préparées à l'avance. Le stratagème bien rodé n'est pas nouveau. Il ne date pas de cette année. «Ce qui est fort éloquent dans ces histoires de copiage, c'est que la tactique utilisée est presque la même: des filles en hidjab qui utilisent les écouteurs d'un portable (téléphone, Ndlr) cachés derrière le voile et la longue robe», rapportait dans ses colonnes au mois de juin 2008, Le Soir d'Algérie. Le journaliste de ce quotidien national qui couvrait à l'époque les examens du Bac dans la wilaya de Bouira écrivait: «Le premier cas soulevé a été signalé au centre Mohamed-Khider, et c'est une surveillante qui s'en est rendu compte. Elle fouilla la candidate soupçonnée et trouvera des écouteurs dans ses oreilles, dissimulés sous le voile.» L'affaire a failli cependant tourner au drame, puisque l'enseignante qui a découvert le pot aux roses avait reçu la visite du père et des frères de la candidate tricheuse. Une descente digne des groupes mafieux en partance pour laver «l'honneur» bafoué d'un des leurs. Une expédition punitive! Notre confrère livre les détails de cette triste histoire et le traumatisme vécu par la victime: «Ils défoncèrent la porte de chez elle et la pauvre surveillante, dont les cris avaient attiré les voisins, s'est évanouie et fut transportée à l'hôpital.» Certains parents seraient-ils à ce point complices d'actes autant répréhensibles par la loi que par la conscience? Ces actes qui paraissaient marginaux prennent de plus en plus d'ampleur. Toutes les wilayas sont pratiquement touchées. Les syndicats autonomes sont en état d'alerte. Ils ont identifié le procédé de la fraude. «La méthode la plus utilisée consiste à demander de se rendre aux sanitaires, lieu où les candidats peuvent utiliser tranquillement leur téléphone portable», a fait remarquer le secrétaire général du Snapest. Alors, doit-on interdire le hidjab et le téléphone portable pendant les examens? Les pouvoirs publics ne peuvent ignorer le préjudice qui peut être porté à un des examens les plus populaires (déjà assez dévalorisé) par le truchement de telles méthodes. Il y va de la crédibilité du baccalauréat.