L'interview exclusive de la journaliste vedette de TF1 a fait beaucoup plus sensation par la tenue vestimentaire qu'elle arborait que par les déclarations du président iranien. Laurence Ferrari savait le prix à payer pour arracher quelques bribes de mots au président de la République islamique d'Iran. Elle devait apparaître devant lui décemment vêtue, les cheveux recouverts d'un foulard. Ce qu'elle n'a apparemment pas hésité à faire selon ses déclarations, quitte à faire grincer des dents au moment où justement la polémique sur le port du voile intégral bat son plein. A-t-elle pour autant vendu son âme au diable? «Je respecte les règles des pays où je me rends. Je ne me suis pas posé la question de savoir si cela m'était agréable ou désagréable», a-t-elle lâché pour justifier ce qui, il faut l'admettre, s'apparente à une concession. Le port du voile en France ainsi que dans la plupart des pays occidentaux a toujours été assimilé à un acte de soumission qui dévalorise l'image de la femme. Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré que «la burqa n'était pas la bienvenue en France», le 22 juin 2009 lors d'un historique congrès à Versailles, a estimé en outre que le port du voile intégral «est un problème de liberté, de dignité de la femme. Ce n'est pas un signe religieux mais un signe d'asservissement, d'abaissement». Il faut rappeler que le débat qui bat son plein autour de cette question, s'est retrouvé très vite sur la place publique après que le député communiste de Vénissieux (Rhône), André Guérin, ait proposé la création d'une commission d'enquête sur le port du voile intégral. «La vision de ces femmes emprisonnées nous est déjà intolérable lorsqu'elle nous vient d'Iran, d'Afghanistan, d'Arabie Saoudite...Elle est totalement inacceptable sur le sol de la République française», avait argumenté à l'époque l'élu du Palais Bourbon. La polémique continue à faire son petit bonhomme de chemin puisqu'une loi est sur le point d'être votée pour une interdiction générale du port du voile intégral. Cette fois-ci l'image est bel et bien venue d'Iran, à travers le petit écran certes, véhiculée par une Française, prototype de la femme moderne par excellence. Pour informer bien entendu. Mais à quel prix? Tout en lui trouvant des circonstances atténuantes, la présidente de l'association féministe «Ni putes Ni soumises», ne l'absout pas non plus totalement. «Si elle avait laissé sa place à un homme, c'était aussi céder à un certain machisme, même si, c'est vrai, elle porte avec le voile, l'étendard d'un projet sexiste, et d'un symbole qui choque ses compatriotes français. Elle a dû faire face à cette double difficulté. L'important est de se rappeler qu'en Iran, des femmes vont en prison parce qu'elles refusent de porter le voile». Alors, la burqa a-t-elle trouvé en Laurence Ferrari son avocate inespérée? Pas sûr...Mais par contre, il est fort à parier que les langues ne manqueront pas de se délier. Cela risque de jaser très fort dans les chaumières de l'Hexagone. La journaliste vedette du 20 Heures de la chaîne de télévision privée TF1 risque en tous les cas de traîner cette affaire comme un boulet dans les toutes prochaines heures. Son employeur est déjà prêt à la défendre: «C'était le seul moyen pour Laurence Ferrari de réaliser cette interview exclusive. En tant que femme, elle n'aurait pu le faire sans se voiler. Toutes les journalistes femmes ont dû en faire autant dans des pays au contexte similaire», fait-on remarquer à TF1. Elle aurait pu aussi y renoncer par principe. Le «jeu» en valait-il au moins la chandelle? A entendre les réponses de Mahmoud Ahmadinejad aux questions posées par Laurence Ferrari, il n'y avait pas de quoi refaire le monde. L'interview annoncée comme exclusive était des plus quelconques. Aucun scoop. Ni information nouvelle digne d'être analysée. Le président de la République islamique d'Iran s'est montré égal à lui-même. Solide comme un roc. Constant. Il a fermement condamné le blocus que continue à subir injustement la bande de Ghaza et l'attaque de la «Flottille de la liberté» par l'armée israélienne. Il ne reconnaît pas l'existence de l'Etat d'Israël. L'Iran continuera son programme de développement nucléaire et à enrichir par conséquent son uranium... Laurence Ferrari n'aura réussi à lui soutirer aucune information de premier plan. Elle est repartie bredouille. Elle aura toutefois réussi à se mettre sous les feux de la rampe et à se retrouver au centre d'une polémique qui n'a pas fini de faire des vagues sur lesquelles le débat concernant la burqa ne manquera pas encore de surfer.