Le coeur de l'Algérie bat au rythme du Mondial et désormais, le mot supporters se conjugue aussi au féminin. Depuis la qualification de l'équipe d'Algérie au Mondial 2010, l'intérêt pour le football dans le pays a atteint un niveau inespéré. Jusque-là réservé qu'aux messieurs, le football compte désormais énormément de fans algériennes. D'ailleurs, elles étaient des milliers à se déplacer pour soutenir les camarades de Ziani, qui disputaient, le 3 mars à Alger, un match amical de préparation au Mondial 2010 contre la Serbie. Jamais le stade du 5-Juillet n'avait vu une telle affluence féminine. Elles étaient plus de 4000 en provenance de toutes les régions du pays à scander «One, two, three, Viva Algérie!» en portant l'emblème national avec fierté et honneur. Même si les conditions n'étaient pas très favorables pour les femmes, auxquelles certains ont reproché de porter la poisse aux Verts, celles-ci n'ont pas regretté le déplacement. En Algérie, les femmes n'ont jamais vraiment été les bienvenues dans les stades, mais la qualification des Fennecs pour jouer la Coupe du Monde semble avoir changé la donne. La bataille des femmes algériennes pour infiltrer le petit monde du ballon rond semble trouver enfin son épilogue. Ces dernières affichent avec fierté leur admiration pour l'EN. Des femmes qui n'avaient autrefois que du mépris pour cette discipline se surprennent à suivre des matchs avec ferveur, connaissant les noms des joueurs et le parcours de l'Equipe nationale sur le bout des doigts. Des mamans qui demandent à leurs enfants les dernières informations sur la sélections et qui débattent sur le football durant des heures. Parmi ces femmes, Malika, jeune retraitée de 51ans et surtout fervente supportrice de l'Equipe nationale. Elle avoue attendre chacune des rencontres des Verts comme un grand événement: «Avant les éliminatoires pour la CM,CAN 2010, je n'ai jamais compris comment on pouvait rester une heure et demie devant son écran à regarder un match de football. Mais, depuis, je suis devenue une grande fan de l'Algérie et il m'est inconcevable de rater la moindre des rencontres de l'EN. Mes enfants se moquent de moi parfois, car je suis à fond dans mon sujet, mais que voulez-vous, j'ai beaucoup de sympathie pour cette équipe et je sens que les joueurs se donnent vraiment à fond pour représenter au mieux notre pays». Quant à Nesrine, 27 ans, en vraie supportrice, elle a déjà tout planifié en prévision de la Coupe du Monde: «J'ai pris mon congé annuel en juin pour pouvoir regarder les matchs tranquillement et sortir faire la fête en cas de victoire!», lance-t-elle, enthousiaste. Par ailleurs, le football a encore une fois réussi à crever l'abcès en matière de relation femme-homme en Algérie et surtout la place qu'on attribue à cette femme dans la société algérienne. «En donnant aux femmes la possibilité de fréquenter un endroit public (stade) qui restait jusque-là exclusivement réservé aux hommes, le pouvoir laisse entendre qu'il est prêt à accorder davantage de liberté aux femmes dans une société encore très largement masculine», décrypte le sociologue algérien, Nasser Jabi.