La CADC conduite par Belaïd Abrika n'a rien apporté de nouveau à son discours, qui consiste à rejeter toute consultation électorale. La rupture semble définitivement consommée entre le pouvoir central et le mouvement citoyen de Kabylie. C'est ce qui ressort du discours développé par la Cadc, invitée au Forum d'El Youm hier à la maison de la presse Tahar-Djaout. «Aucune compromission avec le régime corrompu et corrupteur et nous rejetons toute consultation électorale tant qu'il n'y aura pas eu de réponse publique et officielle à la plate-forme d'El Kseur, par le premier magistrat du pays.» Répondant aux questions des journalistes, les dé légués de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Boumerdès ont estimé que le document confectionné à El-Kseur le 11 juin 2001, et qui demeure leur seule référence, a été censuré par le pouvoir. «On nous parle de 24 assassins alors qu'il y a eu 118 morts et 1200 blessés par balles, aucun de ces assassins n'a été jugé à ce jour. On nous parle d'indémnisation alors qu'on a exigé un statut de victimes et une réparation morale. On nous annonce une langue nationale, qui l'a toujours été, alors qu'on lui a revendiqué un statut de langue officielle», a expliqué Abrika qui estime que la participation aux élections du 10 octobre «signifie une pacification et une légitimation d'un pouvoir aux abois». Un discours qui n'est pas nouveau puisque répété dans chaque meeting organisé par les ârchs dans leur campagne antivote. Une campagne qu'ils comptent mener dans un cadre pacifique. Dans ce sens, Abrika et consorts se sont «démarqués de toutes les actions de saccage ayant dernièrement visé les bureaux du FFS en Kabylie». Insistant sur le caractère sacré d'une Algérie une et indivisible, les délégués ont tenu à rappeler que la Kabylie, qui demeure pour des raisons historiques le moteur de l'Algérie, a sacrifié les meilleurs de ses enfants pour le drapeau. En outre, ils ont rejeté toutes les spéculations selon lesquelles le mouvement a des objectifs politiques. «Nous voulons simplement être des citoyens, le pouvoir ne nous intéresse pas. Pour le reste c'est aux partis politiques de le faire dans le cadre d'un Etat démocratique et républicain». Dans le même ordre d'idées, le délégué de Béjaïa a révélé que «l'exclusion de certains délégués à Béjaïa est due au fait qu'ils allaient créer un mouvement politique, le MRP, ce qui est totalement incompatible avec les objectifs du mouvement citoyen apolitique». Enfin les invités au forum d'El Youm ont défié le pouvoir de les laisser organiser des manifestations pacifiques à Alger «pour qu'il puisse voir les capacités de mobilisation du mouvement citoyen», tout en réitérant la qualité contestataire du mouvement. «Nous sommes une force de contestation, c'est au pouvoir de régler les problèmes.»