L'Iran a manifesté sa mauvaise humeur contre l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) en lui demandant de remplacer deux de ses inspecteurs jugés partiaux, quelques jours après de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité pour son programme nucléaire. «Nous avons donné la semaine dernière à l'Aiea le nom de deux inspecteurs qui n'ont plus le droit de venir en Iran car ils ont divulgué le contenu du rapport (de l'Agence sur l'Iran, publié début juin) avant qu'il ne soit annoncé officiellement et ont fourni de fausses informations» sur le programme nucléaire iranien, a annoncé Ali Akbar Salehi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (Oiea). M.Salehi n'a pas révélé le nom des deux inspecteurs, ni leur nationalité. Mais il a souligné que cette décision ne remettait pas en cause la coopération de l'Iran avec l'Aiea. «Nous avons déclaré à de nombreuses reprises que nous respectons nos engagements internationaux. Nous ne voulons rien de plus et nous ne renoncerons pas à nos droits» dans le domaine nucléaire, a-t-il déclaré. «Notre coopération avec l'Aiea se fait dans le cadre de la clause de sauvegarde (ndlr: accord précisant les modalités de coopération de chaque pays avec l'Aiea dans le cadre du Traité de non prolifération nucléaire) et nous ne ferons rien de plus», a-t-il ajouté. Ce geste de mauvaise humeur de l'Iran fait suite à la publication d'un nouveau rapport de l'Aiea concluant à l'impossibilité d'affirmer le caractère purement pacifique de son programme nucléaire, et au vote, le 9 juin, par le Conseil de sécurité de l'ONU de nouvelles sanctions contre Téhéran soupçonné de chercher, malgré ses démentis répétés, à se doter de l'arme atomique. M.Salehi a réitéré les critiques de Téhéran contre le rapport «totalement erroné» de l'Aiea, affirmant que certains faits rapportés par les deux inspecteurs sanctionnés étaient «incorrects». «Selon la clause de sauvegarde, nous avons demandé à ce qu'ils ne viennent plus en Iran et que l'agence présente deux autres inspecteurs» pour les remplacer, a-t-il ajouté. Téhéran avait déjà protesté officiellement auprès de l'Aiea contre la présence dans ce document d'une information «erronée» sur la disparition d'un équipement nucléaire clé d'une usine à Téhéran. Le rapport de l'Aiea, divulgué une semaine avant la réunion du Conseil des gouverneurs qui devait l'examiner, affirmait que l'agence de l'ONU restait «inquiète» quant à la véritable nature du programme iranien. Il évoquait «la possible existence d'activités secrètes, passées ou présentes, liées au nucléaire, impliquant des organisations proches de l'armée». «L'Iran est un cas particulier parce qu'il comprend, parmi d'autres choses, des éléments liés à une éventuelle dimension militaire de son programme nucléaire», avait souligné le 7 juin le directeur général de l'agence onusienne Yukiya Amano devant les 35 gouverneurs de l'Aiea. 48 heures plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU votait un renforcement des sanctions internationales contre l'Iran.