Deux semaines environ après le transfert du dossier iranien au Conseil de sécurité par l'Aiea, les cinq membres permanents de cet organe n'arrivent toujours pas à s'entendre sur la démarche à suivre pour obliger à renoncer au nucléaire. Lundi soir, les cinq membres du conseil de sécurité des Nations unies, auxquels s'est ajoutée l'Allemagne, se sont séparés sans trouver d'accord sur la manière à suivre pour “empêcher l'Iran de devenir une puissance nucléaire militaire”. Les quatre heures de réunion, au siège de la mission britannique auprès de l'Onu à New York, n'ont pas permis de rapprocher les points de vue. L'opposition de Moscou et de Pékin à toute idée de sanctions a bloqué le dialogue. Pour résumer la situation d'impasse à laquelle ont abouti les discussions, le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires politiques, Nicolas Burns, a indiqué : “Nous avons fait quelques progrès sur le texte de la déclaration présidentielle actuellement en discussion au Conseil, mais, il est clair que nous avons encore besoin d'autres réunions.” Cherchant à atténuer le degré de déception, il a ajouté : “Nous finirons par avoir cette déclaration, cela va prendre un peu de temps mais cela en vaudra la peine. Les éléments d'un accord sont là, nous cherchons les mots pour l'exprimer.” Versant dans le même sens, le directeur politique du ministère britannique des Affaires étrangères, John Sawers, a affirmé : “Nous avons eu une bonne discussion ; nous avons constaté de nombreux points d'accord entre nous.” Dans le but de maintenir la pression sur le régime des Mollahs, il a jouté : “Il est essentiel que l'Iran prenne les mesures nécessaires pour entamer le processus de rétablissement de la confiance sur ses intentions en matière nucléaire.” Il a, cependant, démenti une information en provenance de Vienne selon laquelle son gouvernement s'apprêtait à proposer une stratégie à long terme qui inclurait la possibilité d'une reprise des négociations avec l'Iran assortie d'une série de mesures incitatives. Ainsi, le projet de texte parrainé par la France et la Grande-Bretagne, exigeant que Téhéran se conforme aux demandes de l'Agence internationale de l'énergie atomique et abandonne toute activité liée à l'enrichissement d'uranium, est loin de réunir l'assentiment des membres du conseil de sécurité, notamment ceux disposant du droit de veto. L'un des points de désaccord demeure la durée de l'ultimatum qui sera fixée pour le régime iranien afin qu'il se conforme aux exigences de la communauté internationale. La Russie et la Chine sont opposées à une action ferme du Conseil de sécurité de l'ONU, particulièrement à de possibles sanctions, à l'encontre de Téhéran. Ces deux pays sont plutôt favorables à de nouvelles négociations avec l'Iran et souhaitent que ces contacts aient lieu sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), et non du Conseil de sécurité. Enfin, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a placé le nouvel an iranien sous le signe de la résistance aux appels des Occidentaux à renoncer à son programme nucléaire, au moment où Washington a prévenu l'Iran qu'il emploierait la force, s'il le fallait, pour défendre son allié Israël. Il a brièvement souhaité lundi soir une bonne année à ses compatriotes, qui fêtaient le nouvel an iranien, avant de se lancer dans une longue défense du programme nucléaire de son pays. “La technologie nucléaire n'est pas quelque chose que nous avons obtenue facilement, ou quelque chose que quelqu'un nous a donnée pour qu'on nous le reprenne, personne ne pourra la reprendre”, a-t-il dit dans son message télévisé. K. ABDELKAMEL