En compagnie du brésil et de l'Argentine, la Roja part dans la peau du favori au cours de ce Mondial sud-africain. La défaite d'entrée face à la Suisse (0-1) a obligé l'Espagne à montrer un visage plus inattendu, presque contre-nature, celui du réalisme, pour battre le redoutable Chili (2-1) vendredi lors de son dernier match de groupe, un succès synonyme de 8e de finale au Mondial-2010. Qui sait si le gros raté face à des Helvètes recroquevillés en défense n'a pas été la meilleure des choses pour la Roja? Arrivée en Afrique du Sud avec les - encombrantes - étiquettes de «favori N.1» et de parangon du «beau jeu», elle a immédiatement chuté, victime d'une «Nati» parfaitement regroupée. Car deux ans après avoir ébloui l'Europe avec son jeu offensif, sa possession de balle constante et ses passes courtes à n'en plus finir, l'Espagne ne surprend plus. Les techniciens adverses, et le sélectionneur de la Suisse Ottmar Hitzfeld en tête, ont eu le temps d'analyser et de trouver quelques parades à la «furia Roja». Aussi, l'Espagne, sans renier ses principes, a dû repenser quelque peu sa façon de jouer. Et, après le match logiquement dominé et emporté face au «petit» Honduras (2-0), elle passait un test intéressant en ce sens face au Chili, une formation redoutable, tout à la fois véloce, technique et rugueuse. Contre toute attente, elle a montré qu'elle savait être froide et réaliste, sa première période pouvant presque se résumer à «deux occasions, deux buts». Grandement bousculée par son adversaire, elle a profité d'une inspiration géniale de Villa - frappe de 40m - à la suite d'un contre, puis d'un tir croisé d'Iniesta, qui avait juste auparavant récupéré le ballon dans les pieds d'un milieu adverse avant de relayer avec Villa, pour regagner le vestiaire avec deux buts d'avance. En deuxième période, aidée par l'exclusion d'un Chilien juste avant la mi-temps, elle a en revanche pris l'ascendant et pratiqué le jeu dont elle est coutumière, mais sans réussite. Et, au final, c'est presque une incongruité: c'est grâce aux contres que l'Espagne, la championne de la possession de balle, s'est qualifiée! Il y a quatre ans en Allemagne, elle avait épaté au 1er tour - 3 victoires, 8 buts marqués, 1 seul encaissé - et s'était présentée trop sûre d'elle en huitièmes, la France se chargeant de la ramener à la réalité (1-3). Mais en Afrique du Sud, mise immédiatement «dans le dur», elle ne devrait pas commettre la même erreur. «On était à contre-courant, a souligné le sélectionneur Vicente del Bosque. Puis on a réussi à se remettre dans le sens de la marche, avec beaucoup de difficulté. Mais désormais, on est plus optimistes et cela va se voir sur le terrain». Le Portugal, adversaire mardi au Cap, est prévenu.