Interdire le niqab et la construction des minarets en Europe relève de l'islamophobie. L'Assemblée parlementaire du Conseil européen vient d'opposer son veto contre les mesures prises par quelques Etats européens d'interdire le port du voile intégral dans les lieux publics. Et c'est le projet de loi interdisant la burqa dans ces espaces adopté par la commission des lois de l'Assemblée nationale française qui est débouté. Mercredi dernier, la commission nationale des lois de cette assemblée a adopté un texte rigide sur la question. Le même jour, le Conseil de l'Europe rend une résolution qui s'inscrit en faux par rapport à cette mesure. «L'interdiction générale du port de la burqa et du niqab dénierait aux femmes qui le souhaitent librement le droit de couvrir leur visage», lit-on dans cette résolution. Pour le CE, l'interdiction du niqab est soumise à deux conditions, la première est liée au volet sécuritaire, la seconde à la neutralité religieuse qu'imposent les fonctions publiques ou professionnelles d'une personne. Cela dit, le CE a précisé qu'aucune femme ne doit être soumise au port d'une tenue religieuse. Le plus intéressant dans cette histoire est que le niet européen émane de la ville française de Strasbourg. Il se réfère à l'avis du Conseil d'Etat français. «Ce que nous proposons est tout à fait conforme avec ce que dit le Conseil d'Etat français», a affirmé, le député socialiste danois, Mogens Jensen, désigné rapporteur du projet de résolution. En effet, la plus haute juridiction administrative française s'est prononcée contre l'interdiction absolue du hidjab dans les lieux publics, en mai dernier. A contrario, le gouvernement français fait preuve d'une raideur glaciale sur le sujet. Il s'est prononcé pour la proscription du voile intégral dans les sphères de la vie publique. A leur tour, les membres de l'Assemblée parlementaire ont désavoué l'Exécutif de l'Hexagone. Ils ont adopté, à la majorité absolue, une résolution qui contre le projet de loi français. Leur résolution a été adoptée à 108 voix, dont celles des Français et quatre abstentions. Ce vote sanctionne une session tenue à Strasbourg. Elle a porté sur l'Islam, l'islamisme et l'islamophobie en Europe. Des représentants des 47 Etats européens constituant l'Union européenne et le CE ont assisté à cette session. Ils ont mis l'accent sur l'inadéquation de l'approche de la France, de l'Espagne, de la Belgique et de la Suisse sur la liberté de culte avec l'esprit même de la Constitution et de la Convention européennes de sauvegarde des droits de l'homme. Cette résolution intervient alors que le projet de loi français sera soumis au débat en séance publique à l'Assemblée. Les députés français débattront de cette question à partir du 6 juillet prochain et les sénateurs, le 7 septembre. La position européenne mettra du piment à ces débats. Surtout que l'opposition socialiste en tirera des arguments solides pour mettre à mal la droite majoritaire. La boule de neige de la contestation risque de toucher d'autres pays européens. En Espagne, le Sénat a accordé ses violons au diapason du gouvernement français sur le voile intégral. En Belgique, un projet de loi du même ressort est également en préparation. Le 26 avril dernier, Samia, une jeune Belge est convoquée par le Parlement à Bruxelles. Elle porte la burqa depuis onze ans. Le port de la burqa lui a coûté deux amendes. La première est de 35 euros. Deux semaines plus tard, elle écope d'une autre amende de 200 euros pour récidive. L'affaire de Samia a soulevé une vive polémique en Belgique. En Suisse, l'interdiction de construire des minarets, approuvée le 29 novembre dernier par référendum, est des plus controversées à l'échelle européenne. Pour cela, les membres de l'Assemblée parlementaire ont enjoint à l'Etat helvétique d'abroger ce texte dans les meilleurs délais. Ils ont jugé que ce texte est à l'opposé de la Convention européenne des droits de l'homme. L'interdiction de la burqa, du niqab et du hidjab intégral par quelques pays européens dévoile au grand jour le fossé existant entre les lois fondamentales de ces pays et la Constitution européenne.