Sur les étals des divers marchés à travers la wilaya, le tubercule coûtait entre 36 et 45 DA le kilo selon la qualité du produit. La récolte saisonnière de la pomme de terre a débuté en cette fin de semaine à travers la wilaya de Bouira. L'occasion est opportune pour revenir sur une filière stratégique eu égard à l'importance de ce produit dans la société algérienne. Malgré les chiffres et les bons points accordés aux producteurs, le citoyen continue à payer le prix fort pour le légume le plus banal. Hier, sur les étals des divers marchés à travers la wilaya, le fécule coûtait entre 36 et 45 DA le kilo selon la qualité du produit. La plus prisée en qualité reste la blanche venue du Sud. Le sable fin qui colle à la peau est une référence et un signe de traçabilité. La cherté contraste avec les chiffres de la filière. Ainsi, la wilaya de Bouira reste l'une des plus importantes et sa production est passée de 572.975 q en 2005 à 1.362.230 q en 2009. La surface exploitée aussi a doublé en 4 années passant de 2698 ha à 5168 l'exercice précédent. Pour l'année en cours, les prévisions de production tablent sur 925.500 q. En voulant savoir pourquoi le prix de la pomme de terre reste élevé, nous avons eu deux réponses diamétralement opposées. Pour les producteurs rencontrés au niveau de la ferme pilote «Boucheraïne» dans la commune d'El Esnam, où 77 agriculteurs sur un total wilaya de 280 exercent, la raison est à mettre à l'actif des aléas de la nature. «Le combat contre le mildiou nous a coûté plus de 2 millions de DA. Nous avons été amenés à fertiliser les terres en utilisant plus de 14 q d'engrais par hectare. Les multiplicateurs qui bénéficient du soutien de l'Etat à concurrence de 2 DA le kilo, ont fini par être une entrave pour le producteur. Pour l'irrigation, nous payons 1000 DA à chaque propriétaire de terrain où nos canalisations passent. Tous ces frais entrent dans le prix de revient...», dira un agriculteur. Du côté de la direction des services agricoles, l'argument de la maladie est réfuté, puisque, selon le directeur, il n'y a pas eu de mildiou. Le responsable justifiera la hausse du prix par l'inexistence d'un circuit contrôlé du marché. Le Syrpalac, à qui revient la responsabilité de réguler le marché, est l'unique alternative du moment pour faire baisser les prix. Précisons que le système de régulation établi dans des conventions définit les coûts d'achat auprès des producteurs, pour ensuite stocker et alimenter le marché selon la demande. Dans le cadre de cette stratégie 15 chambres froides ont été prévues pour la circonstance. Pour fuir les lenteurs administratives, les retards dans les paiements, certains producteurs préfèrent vendre à des grossistes qui contrôlent le marché. La présence sur les champs de véhicules immatriculés dans d'autres wilayas, confirme la thèse. A moins de deux mois du Ramadhan, la pomme de terre et malgré l'abondance des productions coûte 40 DA le kilo. L'existence de plusieurs variétés: Spunta, Timate, Désirée, Fabula, Safrane, Byurren, Bellini, Lesita ou Atlas n'a pas pour sa part influé sur le coût au même titre que l'affectation des chambres froides à d'autres objectifs que celui de réguler le marché. Ces trois éléments et d'autres laissent froid le consommateur qui craint une flambée des prix à l'occasion du mois sacré qui, par excellence, est un mois de forte consommation.