Comme prévu par les services du Dr Saïd Barkat, Dame Pomme de terre semble revenir à de meilleurs sentiments ! En effet, depuis une semaine, la récolte de la production d'arrière-saison a commencé à travers le bassin maraîcher de Bouguirat-Sirat, dans la wilaya de Mostaganem. Une récolte, à vrai dire, anticipée par le cours record des 70 DA le kilo, auquel le précieux tubercule était affiché. Un cours fort alléchant pour susciter l'arrachage sans attendre la maturité complète ! Immature ou presque, le tubercule pelant au moindre toucher, parfois “sali” de terre dont on n'a pas pris la peine de laver, la “nouvelle” pomme de terre est facilement reconnaissable sur les étals des marchands. Proposée à 40 et 45 DA à tout venant, au niveau de la parcelle et au marché de gros, la patate d'arrière-saison aura le mérite d'avoir désamorcé la folie des prix qui s'est emparée de ce produit agricole de large consommation. Revenant à de meilleurs sentiments, Dame Pomme de terre est exposée à 50 DA le kilo. Un cours qui, bien qu'il soit en-deçà des records, demeure toujours relativement élevé. “L'accalmie de la mercuriale est conjoncturelle !” prédisent de nombreux fellahs. En l'absence de structures de régulation et de réels professionnels de la filière, le marché de la pomme de terre demeure livré aux spéculateurs de tous bords. Le volume de la production — et des rendements — en arrière-saison étant fort limité, l'offre sera forcément en deçà des besoins exprimés d'ici à la prochaine récolte du printemps. Sans un apport extérieur, la flambée des prix de ce produit risque de reprendre de plus belle, aussitôt l'arrachage achevé. Ce sont les spéculateurs qui décident des quantités à mettre sur le marché. Le consommateur ne pouvant s'en abstenir, achète à tout-va. Les services agricoles sont formels, ce n'est pas un problème de production puisque la pomme de terre est disponible sur le marché. Les responsables du commerce sont incapables de mettre un frein à l'anarchie. Les mandataires, officiels ou non, jonglent avec les prix et s'en lavent les mains. Le producteur se lamente des tarifs dérisoires auxquels sa production a été livrée aux intermédiaires. Le marché de la pomme de terre évolue selon un cercle vicieux, dont le point névralgique et déterminant en matière de cours se situe à ce moment précis de l'année. À ce jour, alors que c'est le moment habituel des importations, aucun bateau de semence — de pomme de terre — n'est encore annoncé au port de Mostaganem qui, bon an, mal an, reçoit entre 50 et 60 mille tonnes de semences. Le retard ne sera pas sans conséquences. Des conséquences fâcheuses et pour le fellah et pour le consommateur ! L'érection, depuis plus d'un mois, de Dame Pomme de terre en véritable affaire d'Etat n'est finalement qu'une résultante de la perturbation qui a affecté, l'an dernier, le cours des importations du stratégique produit agricole. Le mois dernier, certains professionnels de l'import-export — et non de la pomme de terre — ont d'ailleurs réitéré leur appel aux pouvoirs publics à revoir cette norme de calibrage restrictive et, apparemment, contraignante. M. O. T.