Le moudjahid Mohamed Saïkhi a transformé une partie de sa résidence à Sour El Ghozlane en musée de la Wilaya IV historique. Les moudjahidine Saïkhi Mohamed, Mohamed Chérif Ould El Hocine, accompagnés de Aït Idir Hocine et Abdelmoula, se sont donné hier rendez-vous au domicile, sis à Sour El Ghozlane, du premier cité, transformé en musée de l'ALN. Dans ce musée, on y retrouve des témoignages sur la Révolution algérienne et sur la Wilaya IV historique. Lors de ces retrouvailles, les trois compagnons de guerre ont passé en revue des faits d'armes et relaté des événements de combat, de soutien, d'attaque et d'accrochages avec les forces d'occupation. La fraternité qui avait caractérisé le peuple algérien dans sa lutte était perceptible chez les quatre personnes. Questionné sur le pourquoi de cette rencontre, El Hadj Saïkhi, très affecté par une maladie, précisera que cette rencontre est d'abord une occasion de retrouvailles. «Nous lutterons pour l'écriture de l'Histoire. Notre combat pour une Algérie libre et souveraine continuera et il est du devoir de tout un chacun d'apprendre la véritable histoire aux générations futures...» Un avis partagé par le moudjahid Ould El Hocine qui est revenu longuement sur son ouvrage Au coeur du combat, édité à Casbah-Editions. L'oeuvre écrite en français a été traduite dans les deux langues nationales. L'auteur a, dans son intervention expliqué les raisons qui l'ont poussé à publier les notes de son carnet personnel de combat, un document intime. «Pendant ma présence au maquis, je prenais note des préparatifs de nos missions pour ensuite enterrer mon manuscrit que j'ai récupéré après la mission. Cette réalité ne doit pas être la propriété d'une personne mais le bien de la collectivité. Pour cela, j'ai cautionné tout dans le livre.» L'auteur, qui a une mémoire infaillible, a aussi précisé que l'objectif premier de son action se veut un moyen de transmettre l'histoire aux jeunes générations. Il passera en revue les différentes batailles auxquelles il a directement participé avec une précision inouïe quant aux dates, lieux et personnes présentes. Ainsi, expliquera-t-il comment un groupe composé de 35 éléments, le commando «Si Zoubir» du nom de son chef, a tenu tête à une force largement plus importante en effectifs et en logistique. «Sur sept mois de combat sans répit, notre unité perdra huit éléments seulement...» L'auteur précisera qu'il parle de ses compagnons et non de sa participation personnelle, un fait qui donne au témoignage une crédibilité avérée. Pour revenir au livre, signalons que sa traduction a été faite par un groupe de fils de chouhada. Le choix des trois langues n'est pas fortuit. L'oeuvre est une référence historique qui peut être enrichie dans un grand projet d'écriture de l'histoire de notre pays. Les faits qui y sont relatés sont une réponse aux détracteurs qui, volontairement ou involontairement, ont essayé de semer le doute et tenter de ternir l'image du pays. Malgré la difficulté du genre littéraire, le témoignage, l'auteur et ses collaborateurs ont su retransmettre une réalité dans son intégralité et fidèlement. Le livre s'adresse à toute la composante algérienne dans sa diversité linguistique et montre que la révolution algérienne n'a pas souffert d'un quelconque tribalisme. «Elle est l'oeuvre de tous les Algériens et Algériennes sans distinction» avait dit, entre autres, le conférencier. «Je veux que la nouvelle génération connaisse l'histoire de son pays parce qu'un pays qui oublie son passé compromet son avenir...» Et Hadj Saïkhi de son côté, a publié plusieurs ouvrages et témoignages similaires qui s'inscrivent dans la même optique en réaction à la situation actuelle où une certaine presse est vite devenue un cadre pour régler des comptes. Pour M.Ould El Hocine, «le livre se veut un document d'histoire et non des "histoires". Le silence des moudjahiddine après l'indépendance, est dû à leur volonté de construire le pays. Nous avons des circonstances atténuantes qui justifient ce silence. Aujourd'hui, nous pouvons apporter nos témoignages et écrire notre Histoire».