Attachés à la terre et à l'agriculture, les occupants refusent de s'exiler pour chercher le confort en ville. Oublié des hommes et de la nature, ce hameau n'a pourtant pas manqué à son devoir de participer à la libération du pays. Il porte encore les traces de la colonisation, mais les 54 familles qui y vivent disent ne pas savourer les fruits de l'indépendance. La ferme Si Lakhdar 2 se trouve à une dizaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira sur l'axe routier CW 127 qui relie Bouira à Sour El Ghozlane. Occupé par des familles paysannes algériennes dès le départ des colons et des forces d'occupation, ce village n'a, à ce jour, bénéficié que de l'électricité. Les habitations sont de fortune et dégradées. Les eaux usées se déverssent dans une fosse septique réalisée par les habitants à proximité des habitations. L'éclairage public, l'AEP, le gaz sont autant de doléances exprimées par les familles. La proximité avec le chemin de wilaya, qui connaît une dense circulation, notamment avec les gros véhicules qui rallient la cimenterie et l'usine Enad, est devenue, avec le temps, un danger qui guette les enfants de cette ferme quand ils vont à l'école située à un kilomètre. Cette ferme plus proche de la commune d'El Hachimia relève de l'autorité de la commune du chef-lieu de wilaya. En été et devant le manque d'eau, les habitants sont alimentés périodiquement par des citernes. La proximité avec la source dite El Mouhguel, une source réputée pour ses vertus curatives, ne profite pas aux habitants. «A chaque élection, on nous promet la prise en charge de nos demandes, en vain», nous affirmera un habitant désabusé. «Les canalisations du gaz sont à quelques kilomètres. L'eau aussi passe par nos terres. L'habitat rural est disponible. Ces faits nous laissent penser qu'il y a une volonté à nous marginaliser», ajoutera notre interlocuteur. Attachés à la terre et à l'agriculture, les occupants ne veulent pas s'exiler pour chercher le confort en ville. «Les terres que vous voyez là ont, par le passé, alimenté toute l'Europe. Les abandonner serait un crime que personne ne pourra pardonner.» Comme pour faciliter les choses aux pouvoirs publics, les occupants se disent prêts à participer financièrement à l'amélioration de leur situation et à l'aménagement de leur cadre de vie. «Le gaz, l'eau, l'assainissement et les aménagements sont trois éléments devenus une nécessité pour une vie décente. Nous les exigeons», nous confiera Lakhdar, un natif du village qui travaille à Bouira.