Durant le Mondial, le pouvoir d'achat, les grèves, la crise du logement et le remaniement ministériel ont été relégués au second plan. Le rêve qui a débuté avec la double qualification des Verts pour la CAN et le Mondial 2010, s'est éteint le 23 juin dernier avec la défaite de la sélection nationale algérienne devant les Etats-Unis d'Amérique (0-1). Ainsi, après la fête, on se gratte la tête. Au-delà de la déception qui a suivi la disqualification des Verts au premier tour du Mondial ou encore du nom du futur sélectionneur, il est utile de revenir sur le montant global alloué par les pouvoirs publics aux Verts. D'abord, question d'encouragement, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens. Selon des sources proches de la Fédération algérienne de football, la prime de qualification pour la CAN et le Mondial 2010 avoisinerait les 420.000 euros par joueur. Une somme beaucoup plus supérieure que ce qu'a promis l'ex-président de la FAF, Hamid Haddadj (100.000 euros). Ce montant a été revu à la hausse à l'issue d'une réunion ayant regroupé les joueurs, le staff technique, le président de la FAF et le ministre de la Jeunesse et des Sports lors du stage de Florence en Italie, juste avant le match retour contre l'Egypte pour le compte des éliminatoires jumelées de la CAN-CM 2010. Il est vrai que l'Algérie qui a raté les deux CAN de 2006 et 2008, devait être présente à la CAN 2010 d'Angola. Une question de prestige. Mais cela ne justifie nullement les grandes sommes offertes aux joueurs et le staff technique, même si le football moderne est devenu une question d'argent. Tandis que le sélectionneur national, Rabah Saâdane, a eu droit à une récompense financière de plus de 500.000 euros. Son adjoint Zoheir Djelloul a, pour sa part, touché 250.000 euros de prime, tandis que l'entraîneur des gardiens a bénéficié de 150.000 euros. La paix sociale n'a pas de prix même si le ballon ne tournait pas rond. L'Algérie respirait le football. La pauvreté, les grèves des syndicats, le chômage, le logement, le crédit à taux bonifié, le remaniement ministériel et même la participation du président au G8, sont devenus des sujets de seconde importance, à l'image des quotidiens d'informations générales reconvertis en journaux sportifs, en consacrant 8, 10, voire 12 page à la rubrique sportive. Pour avoir atteint, les demi-finales de la CAN d'Angola, la FAF a octroyé 4 millions de dinars de prime à chaque joueur et 8 millions de dinars à Rabah Saâdane. Une règle, certes, appliquée par la majorité des fédérations de football. Dans un barème de salaire des sélectionneurs des équipes nationales qualifiées pour le Mondial sud-africain, publié par la FIFA, Rabah Saâdane occupait la 27e place avec un salaire mensuel de 245.000 euros, équivalent à plus de 2,50 millions de dinars. S'agissant du Mondial sud-africain, des frais de mission équivalent à 700 euros par jour ont été accordés aux joueurs d'El Khadra, durant la période du séjour qui s'est étalée du 11 au 24 juin 2010, soit 9800 euros durant 14 jours/joueur. Alors que Rabah Saâdane s'est vu attribué une somme de 350 euros par jour, soit 4900 euros. Cette différence est due au fait que les joueurs ne touchaient pas une mensualité, contrairement au sélectionneur. Toutes ces sommes incroyables sont à ajouter aux dépenses des stages de préparations (Le Castelet, Cran Montana et Nuremberg), frais d'hôtels et de séjour des Verts avant et durant la CAN et le Mondial. Par une simple opération de calcul, on déduit qu'entre les primes, les stages et les frais de mission, les Verts ont dépensé plus de 130 milliards de centimes. A ces chiffres, il faudra ajouter les pertes subies par l'économie nationale. Car, durant la retransmission des matchs de l'EN, la vie s'arrêtait en Algérie. Magasins, marchés, écoles, entreprises et même administrations entraient en hibernation. Certes, les Verts nous ont procuré quelques moments de bonheur. Mais les dépenses en valaient-elles vraiment la peine, quand on sait que l'Algérie s'est fait éliminée du Mondial sans inscrire le moindre...but!