Ils étaient unanimes à dire que l'objectif de ce voyage à Alger dépasse de très loin celui annoncé par la présidence égyptienne. La visite effectuée avant-hier en Algérie par le président égyptien, Hosni Moubarak, a suscité des réactions diverses dans les milieux égyptiens. Le motif de la visite a fait l'objet de lectures différentes. La presse égyptienne et les acteurs politiques de ce pays étaient unanimes à dire que les raisons de ce périple d'Alger dépasse de très loin l'objectif annoncé par la présidence égyptienne, à savoir «présenter les condoléances» au Président Abdelaziz Bouteflika à la suite du décès de son frère, feu le Dr Mustapha Bouteflika. Les plumes égyptiennes estiment que «le geste» du raïs contribuera à l'apaisement des relations tenues entre les deux pays, au lendemain des événements du Caire, le 14 novembre de l'année dernière, lorsque les joueurs algériens de football ont été agressés par les supporters égyptiens. Pour la presse du côté du Nil, l'occasion s'est présentée pour l'Algérie et l'Egypte d'enterrer la hache de guerre et réchauffer les relations entre les deux pays. «Moubarak en Algérie pour présenter ses condoléances à Bouteflika dans le but de dégeler les relations entre les deux pays», a titré à la Une, le journal arabophone Al Masry. Ce journal a tenu à mettre en exergue que l'Egypte veut, à travers la visite de son président, prendre l'initiative de mettre fin au gel qui caractérise les relations algéro- égyptiennes. De son côté, le journal al Shaâb, a qualifié cette visite de symbolique dans la mesure, écrit-il, où elle est la première du genre depuis le conflit de l'année dernière. Ce même titre est revenu sur la dernière rencontre de Nice, lors du Sommet France-Afrique, entre les deux présidents. Al Gomhuria est revenu, quant à lui, sur les dossiers «d'intérêt commun» abordés par les deux présidents et relatifs au «questions arabes et africaines». «Le président Moubarak a approfondi ses discussions avec son homologue algérien sur les questions arabes, africaines ainsi que sur l'élargissement du Conseil de sécurité et les questions d'intérêt commun entre les deux pays.» Idem pour le journal El Ahram qui s'est uniquement contenté de rapporter le déplacement du président égyptien en Algérie. «Moubarak en Algérie pour présenter ses condoléances au Président Bouteflika», a titré le journal à grand tirage. D'autres journaux sont allés «sonder» les lectures des partis politiques égyptiens sur cette visite «inattendue». Certains leaders politiques ont dénoncé cette visite en expliquant qu'à travers ce déplacement du raïs à Alger, l'Egypte tente de satisfaire l'Algérie. «Si le président Moubarak tente à travers cette visite de satisfaire l'Algérie, ça serait une grosse erreur, car nous, Egyptiens, sommes une grande nation», a commenté Mustapha Touil, président d'honneur du parti Elwafed, dont les propos ont été rapportés par le quotidien Al Masry. Pour le porte-parole du Parti du rassemblement, Nabil Zaki, cette visite se veut comme un signe fort de la part du président égyptien qui souhaite dépasser le contentieux entre les deux pays et renforcer les relations bilatérales. Ossama Ghezzali, président du Front démocratique, estime, de son côté, que le président essaie de calmer les esprits et effacer les séquelles laissées par la dernière crise entre les deux pays. Quant au président du parti nasseriste, il estime cette visite très tardive, car, explique-t-il encore, le président égyptien aurait dû faire ce déplacement depuis bien longtemps afin de prouver qu'il ne s'agit que «d'une tempête d'été» déjà dépassée. Dans l'ensemble, la presse et les hommes politiques égyptiens inscrivent cette visite dans le cadre de la diplomatie à travers laquelle Hosni Moubarak a pris une initiative louable en essayant «de panser les blessures». Dans un autre sillage, les médias du Nil ont salué la réaction de la presse algérienne à ce geste. De nombreux titres ont repris les articles de presse publiés dans les quotidiens nationaux parus hier.