Sans aller au fond des choses, ils expliquent tout simplement que l'expérience des commissions d'enquête a été décourageante. La commission d'enquête sur la corruption va-t-elle aboutir? Les députés n'y croient pas trop. Même si la proposition du député Ali Brahimi fait beaucoup parler d'elle actuellement à l'APN mais sans convaincre les élus du peuple. Ces derniers estiment que cette initiative est condamnée à l'échec. «Elle ne va pas aller loin», «C'est une tentative vouée à l'échec», «Elle ne va pas aboutir à des résultats concrets», affirment des élus représentants des différents partis politiques. Quelle que soit leur appartenance politique de l'Alliance présidentielle ou en dehors, les députés restent sceptiques. Or, tout en étant peu convaincus, les députés admettent son importance. Aucun d'entre eux ne s'est opposé à cette idée. «C'est une très bonne initiative qui reflète l'une des principales missions du Parlement», s'accordent à dire nos interlocuteurs. Preuve en est, la Constitution attribue au Parlement les prérogatives de contrôler le gouvernement. La commission d'enquête est un outil de contrôle de l'action du gouvernement. «Nous devrons faire ce genre d'enquêtes, nous sommes là pour veiller à la bonne gestion des deniers publics», soutient un député du RND, appuyé par son confrère du FLN. «Certes, nous faisons partie du gouvernement mais cela n'empêche pas de contrôler ni de relever des critiques et d'apporter des correctifs», affirment les deux parlementaires qui rappellent qu'ils ont été mandatés par le peuple. Le Parti des travailleurs, qui dénonce sans cesse le phénomène de la corruption, applaudit cette proposition. «Cette proposition est la bienvenue, il reste à savoir si elle pourrait parvenir à son but», assure un député du PT. Pourquoi sont-ils sceptiques? Sans aller au fond des choses, les députés expliquent tout simplement que l'expérience des commissions d'enquête a été décourageante. «Nous avons mené des commissions d'enquête auparavant et un travail de fond a été fait, mais en vain», déplore le député du FLN. Un argument avancé par les différents interlocuteurs. Il y a lieu de souligner que cette proposition vient mettre le couteau dans la plaie démontrant l'incapacité des parlementaires à aller au bout dans leur mission. Tout en étant conscients de la gravité du phénomène, les parlementaires se retrouvent désarmés et se contentent du rôle de téléspectateurs. Pour dissimuler leur incapacité, certains reprochent au député Brahimi le manque de consultation. Ce projet devait faire l'objet de consultations des différents partis politiques avant qu'il ne soit déposé sur le bureau de l'APN. Approuvé par 25 députés, la proposition de constitution de la commission a été transmise au président Ziari. Dans sa demande, le député Brahimi explique qu'il ne s'agit en aucun cas d'enquêter sur les affaires de corruption qui sont sous procédure judiciaire. «Notre initiative se veut un exercice concret et légitime des prérogatives et des droits et devoirs constitutionnels et légaux de l'instance parlementaire à laquelle nous appartenons», a-t-il précisé dans sa demande. C'est dans ce seul cadre que s'inscrit la proposition de constituer une commission d'enquête parlementaire. Nul n'ignore que la corruption a atteint un niveau alarmant au point de menacer les institutions de l'Etat. Avec le nouveau programme quinquennal de 286 milliards de dollars, le Parlement doit se réveiller et jouer son rôle de gendarme.