Au lieu de fêter hier son second anniversaire, force est de constater que ce projet est à l'agonie. La mort de l'UPM peut-elle être évitée? Née dans un climat d'espoir, l'Union pour la Méditerranée a fini dans une paralysie totale. Au lieu que soit fêté, hier, son second anniversaire, l'UPM semble avoir déjà un pied dans la tombe. Force est de constater que la durée de vie de ce projet n'a pas fait long feu. Et pourtant, tout avait bien commencé. Le président français a réussi à réunir plus d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement lors du lancement de ce processus. «Nous en avions rêvé, l'Union pour la Méditerranée est maintenant une réalité», s'est félicité M.Sarkozy lors de la cérémonie d'ouverture, un certain 13 juillet 2008. Mais le rêve du chef de l'Etat français n'a pas duré longtemps. Cinq mois, seulement, après ce lancement, Israël a brisé le rêve du président français, en massacrant sauvagement des innocents dans la bande de Ghaza. Pourtant, la question du conflit au Moyen-Orient constituait le cheval de bataille de l'UPM. «Il faut surmonter nos désaccords (...) pour construire un instrument de paix», a déclaré M.Sarkozy en s'adressant aux chefs d'Etat présents ce jour-là, au grand Palais, à Paris. S'adressant, notamment, aux chefs d'Etat arabes et à l'ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, le chef de l'Etat français avait lancé: «Je veux saluer les chefs d'Etat arabes d'être venus ici, d'avoir accepté cette responsabilité et d'avoir fait ainsi un geste de paix (...) C'est ensemble que nous allons construire la paix en Méditerranée, comme hier, nous avons construit la paix en Europe.» La paix pour l'Etat hébreu, qui a bénéficié du poste de secrétaire général adjoint permanent, a été de massacrer des milliers de Palestiniens. La destruction, sous le regard complaisant des deux coprésidents Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak (Egypte), de l'enclave palestinienne de Ghaza a porté un coup fatal à l'initiative française. C'est un sérieux blocage. Même la France, pays initiateur, n'a plus évoqué ce sujet depuis cette agression. Espérant relancer les travaux de ce processus, un sommet devait être tenu deux années après, pour évaluer les acquis ainsi que pour changer de coprésidence. C'est, ainsi, qu'un sommet a été annoncé pour le mois de juin dernier à Barcelone. La rencontre n'a pas eu lieu et le tandem franco-égyptien Sarkozy-Moubarak reste de facto à la tête de l'UPM sans être légalement reconduit. Pour cause, la nomination de leurs successeurs est reportée jusqu'à nouvel ordre. Le secrétaire général, le Jordanien Ahmed Jalaf Massadeh, n'a été installé dans ses fonctions, qu'au début de l'année en cours, lors d'une cérémonie à Barcelone. Ce poste est resté «vacant» pendant environ une année et demie. Le projet initial a prévu un secrétariat léger et technique, or, la réunion de Marseille des chefs de la diplomatie des pays membres, qui a eu lieu au mois de novembre 2008, a décidé d'un secrétariat composé de sept secrétaires généraux adjoints. Les six premiers sont la Grèce, l'Italie, Malte, la Turquie, la Palestine et Israël, en plus du pays qui assure le secrétariat général, à savoir la Jordanie actuellement. Sur le plan d'action, les projets annoncés lors du lancement peinent à se concrétiser. Ces projets, au nombre de six, portent sur la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer, les affaires sociales, les énergies renouvelables, l'accès aux sources de financement pour les PME et la création d'une université euro-méditerranéenne. Qu'en est-il de la réalisation de ces projets deux ans après ce lancement? L'heure n'est même pas aux bilans, car rien n'a été initié. Il s'agit, seulement, de projets qui existent en théorie et qui ont encore de beaux jours à passer dans les tiroirs du secrétariat général à Barcelone. Le problème du financement en est une cause de la stagnation de la concrétisation de ces projets. Cela, même si la création d'un fonds de financement a été annoncée. Les dernières attaques israéliennes contre la flottille de la paix pour Ghaza, ne viennent que pour confirmer la mort à petit feu de ce projet. Alors, la mort de l'UPM a-t-elle été programmée le jour de sa naissance même? Une chose, néanmoins, est certaine; le projet phare de Nicolas Sarkozy est mort de sa belle mort deux ans après sa naissance.