Après plusieurs semaines de suspense, le Président Bouteflika a donné hier son «O.K.» à sa venue à la «messe» du lancement de l'UPM. Nicolas Sarkozy, rassuré et enchanté, a annoncé lui-même, dans un scoop - à partir de Toyako, au Japon, où se tient le Sommet du G8 - la présence du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, à la cérémonie de lancement de l'Union pour la Méditerranée, le 13 juillet prochain à Paris. Geste de courtoisie de la part du Président algérien que M.Sarkozy ne manqua pas de relever. «Le président Bouteflika m'a demandé de rendre publique sa décision, il sera présent à Paris au Sommet de l'Union de la Méditerranée», a déclaré à la presse un président français visiblement soulagé de compter parmi ses invités le président algérien. «C'est extrêmement important, d'abord parce que l'Algérie joue un rôle central, et le Président Bouteflika lui-même a une expérience, une autorité qui font que sa présence autour de la table pour le Sommet de l'Union pour la Méditerranée est un élément décisif pour le succès de ce Sommet, et je l'en remercie», a continué Nicolas Sarkozy. Et le chef de l'Etat français d'ajouter, «M.Bouteflika m'a également indiqué qu'il viendrait en visite d'Etat en France dans le courant de l'année 2009». Alors qu'il maintenait depuis plusieurs semaines le suspense autour de sa venue à Paris, pour la mise sur orbite de l'UPM, le Président Bouteflika a fini par donner son accord contre, nous assure-t-on, des garanties quant aux rôle et place de l'Algérie dans ce nouvel organisme. Alger a toujours expliqué qu'elle attendait des «précisions» de Paris quant aux objectifs et moyens qui seront ceux de l'Union pour la Méditerranée. Ce que M.Bouteflika a confirmé aux journalistes qui l'interrogent en affirmant qu' «il n'y avait pas de réticences, il n'y avait que des pourparlers». C'est important pour l'Algérie de savoir où elle allait mettre les pieds d'autant plus que les contours du projet de l'UPM étaient demeurés flous. Ce qui n'augurait pas forcement de bonnes choses. Il y avait des dossiers sur lesquels la position de l'Algérie est ferme, comme la création de l'Etat palestinien, sur lequel Alger tenait à avoir des précisions. Sur cette question, Nicolas Sarkozy semble avoir levé une hypothèque en réaffirmant - devant la Knesset (le Parlement israélien) lors de sa visite le 23 juin dernier en Israël - la nécessité de l'existence de deux Etats (Israël et Palestine) avec Jérusalem comme capitale pour les deux Etats. Position qui rejoint celle des Palestiniens qui revendiquent El-Qods comme capitale de leur futur Etat. Sur ce point, la clarification apportée par le président français était la bienvenue, d'autant plus qu'elle engage Paris qui doit peser de tout son poids pour que cette position soit celle également du Quartette qui supervise le processus de paix au Proche-Orient. Comme on peut supposer que le Président Bouteflika a reçu des assurances quant au soutien de la France au plan de paix de la Ligue arabe pour trouver une issue définitive au contentieux israélo-palestinien d'une part, israélo-arabe d'autre part. Cela dit, comme l'a réitéré récemment le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, l'Algérie n'a aucun complexe vis-à-vis de l'Etat hébreu, ni gêne à siéger dans une même réunion à laquelle participe Israël. Reste à l'évidence un autre point tout aussi sérieux qui concerne le dispatching des postes au niveau de l'UPM, outre le siège futur de la région sud de l'UPM, en estimant, bien sûr, que Bruxelles accueillera le siège de l'Union pour la Méditerranée pour la partie européenne. Il est patent que l'Algérie, l'un des plus importants pays du pourtour méditerranéen, n'adhère pas à l'UPM pour faire tapisserie. Ce qui laisse supposer que les rumeurs quant aux «postes» qui auraient été déjà attribués à tel ou tel pays du Sud ne sont que des ballons sondes qui n'engageaient que ceux qui les ont lancés. Et puis cette «distribution» des responsabilités au niveau de l'UPM ne peut se faire à l'avance et doit se concevoir dans la collégialité et la transparence. Aussi, pour que l'Union pour la Méditerranée ne soit pas mort-née, il fallait pour M.Sarkozy jouer carte sur table et le puzzle présenté par le chef de l'Etat français au président algérien, a rassuré ce dernier, le décidant à donner son accord sur sa venue à Paris et sa participation au lancement de l'UPM.