La parade militaire du 14 Juillet aux couleurs de l'Afrique n'a pas été du goût de tout le monde. Deux organisations non gouvernementales, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, la Fihd, et la Ligue des droits de l'homme et du citoyen, Ldh, ont réussi à réunir, mardi, quelque 700 manifestants à Paris pour dénoncer la présence, dans les contingents africains, de «criminels» ou «coupables de violations des droits de l'homme», ce que l'Elysée a démenti. «Nous sommes scandalisés de la présence dans la tribune officielle de dictateurs qui tirent sur leur peuple», a dénoncé Odile Tobner, présidente de l'association Survie. Quant aux formations politiques, c'est du Parti socialiste que la flèche a été décochée. Le parti de Martine Aubry a souligné «l'ambiguïté du choix d'un défilé militaire». Le ministre français de la Défense a vigoureusement réagi à ces critiques. «Qu'est-ce que c'est que ces histoires. Ce sont des pays avec qui nous avons des relations, des partenariats, je ne vois pas quel est le sens du procès qu'on est en train de nous faire sur ces questions» a déclaré Hervé Morin, hier, sur les ondes de France Info. Il a apporté un démenti formel quant à une éventuelle présence de «criminels» dans les contingents africains du défilé du 14 Juillet dénoncée par ces organisations non gouvernementales. «Nous n'avons aucune indication de la sorte», a-t-il ajouté comme pour dire que toutes les précautions ont été prises pour éviter toute participation de personnalité suspecte qui puisse jeter du discrédit sur l'objectif assigné par le président de la République française à cette rencontre historique entre les pays africains, au nombre de treize, invités à la célébration de la traditionnelle fête du 14 juillet, et l'ancienne puissance colonisatrice. «D'aucuns ont critiqué la proposition que je vous ai faite de nous réunir aujourd'hui, et d'assister demain (hier) à mes côtés au défilé du 14 Juillet» avait déclaré, mardi, Nicolas Sarkozy qui a fait, en somme, coup double: rassurer ses invités et battre en brèche les attaques des ONG. «Je sais bien tout ce que la notion de ´´relations privilégiées´´, de relations ´´spéciales´´ charrie de soupçons et fantasmes (...) mais le moment est venu de l'assumer ensemble, sans complexe et sans arrière-pensées» avait il tenu à souligner, comme pour dire que le temps est venu de tourner cette peu glorieuse page qui a caractérisé les liens si particuliers qui ont uni la France à ses anciennes colonies africaines. Il faut reconnaître que les soupçons des organisations non gouvernementales qui pèsent sur les relations si spécifiques qu'entretient la France avec ses anciennes colonies jusqu'à un passé pas si lointain que cela, sont tout de même nés d'une certaine confusion. En effet, après avoir supprimé le traditionnel «dîner des amis» qui symbolise ces liens si privilégiés qui distinguent les relations entre la France et certains pays africains, décriées par les associations des droits de l'homme, Nicolas Sarkozy a de nouveau semé le doute en invitant 13 dirigeants d'anciennes colonies africaines au défilé militaire du 14 Juillet. «L'objet de cette rencontre n'est donc pas de célébrer vos indépendances, vous le faites très bien vous-mêmes. Il est de célébrer la force des liens que l'Histoire a tissés entre nos peuples. Et la force de cette rencontre, c'est de construire ensemble notre avenir», a fait remarquer le chef de l'Etat français lors de l'allocution qu'il avait prononcée mardi à l'occasion du déjeuner offert en l'honneur de ses invités africains. Cela suffira-t-il pour rassurer ses détracteurs? Dans le cas où la France tiendrait sa promesse de tourner la page de sa peu glorieuse présence en Afrique. La réponse ne pourra qu'être positive.